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* 319. А. Х. Бенкендорфу.

24-го  марта  1830  г.  Москва.

Mon  General,

La lettre dont vous m’avez honoré m’a causé un chagrin veritable; je vous supplie de m’accorder un moment d’indulgence & d’attention. Malgré quatre ans d’une conduite égale, je n’ai pu obtenir la confiance de l’autorité. Je vois avec peine que la moindre de mes démarches éveille le soupçon & la malveillance. Pardonnez-moi, mon General, la liberté de mes doléances. mais au nom du ciel, daignez entrer un instant dans ma position & voyez combien elle est embarassante. Elle est si précaire que je me vois à tout moment à la veille d’un malheur que je ne puis ni prevoir ni éviter. Si jusqu’à présent je n’ai pas essuyé quelque disgrace, je le dois, non à la connaissance de mes droits, de mon devoir, mais uniquement à votre bienveillance personnelle. Mais que demain vous ne soyez plus ministre, après demain je suis coffré. M-r Boulgarine, qui dit avoir de l’influance auprès de vous, est devenu un de mes ennemis les plus acharnés à propos d’une critique qu’il m’a attribuée. Après l’infame article qu’il a pubrié sur moi, je le crois capable de tout. Il m’est impossible de ne pas vous prévenir sur mes relations avec cet homme, car il pourroit me faire un mal infini.

Je comptois de Moscou aller à la campagne de Pskov, cependant si Nicolas Raievsky vient à Poltava, je supplie Votre Excellence de me permettre d’aller l’y trouver.

Agréez, Mon General, l’hommage de ma haute consideration & de mon entier dévouement

 de Votre  Excellence

le  très  humble  &  très  obéissant  serviteur

24  mars

    1830

Moscou.

Alexandre  Pouchkine.


Помета Бенкендорфа карандашом: lui répondre que jamais Boulgarin ne m’a parlé de lui, par la bonne raison que je ne le vois que 2 ou 3 fois par an; et [ordin] cela pour le gronder et une fois pour l’envoyer au corps de garde. Que sa position a lui Pousckin, n’est pas du tout précaire; mais que nommément son dernier départ très précipité pour Moscou a du éveiller le soupçon.

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