67

* 298. А. Х. Бенкендорфу.

10-го ноября 1829 г. Петербургъ.

Mon Géneral,

C’est avec la plus profonde douleur que je viens d’apprendre que Sa majesté étoit mécontente de mon voyage à Arzroum. La bonté indulgente et libérale de Votre Excellence et l’interêt qu’elle a toujours daigné me temoigner, m’inspirent la confiance d’y recourir encore & de m’expliquer avec franchise.

Arrivé au Caucase, je ne pus résister au desir de voir mon frère, qui sert dans le régiment des dragons de Nigni-novgorod, et dont j’étois séparé depuis 5 ans. Je crus avoir le droit d’aller à Tiflis. Arrivé là, je ne trouvois plus l’armée. J’écrivis à H: Раевской, un ami d’enfance, afin qu’il obtint pour moi la permission de venir au camp. J’y arrivois le jour du passage du Sagan-lou. Une fois là, il me parut embarassant d’éviter de prendre part aux affaires qui devoient avoir lieu & c’est ainsi que j’assistois à la campagne moitié soldat, moitié voyageur.

Je sens combien ma positon a été fausse & ma conduite étourdie; mais au moins n’y a-t-il que de l’étourderie. L’idée qu’on pourroit

68

l’attribuer à tout autre motif me seroit insuportable. J’aimerois mieux éprouver la disgrace la plus sevère, que de passer pour ingrat aux yeux de celui auquel je dois tout, auquel je suis prêt à sacrifier mon existance & ceci n’est pas une frase.

Je supplie Votre Excellence d’être en cette occasion ma providence et suis avec la plus haute considération

Mon  Géneral

de  Votre  Excellence

10  novembre

1829.

St.-P.

le  très  humble  et  très  obéissant  serviteur

Alexandre  Pouchkin.


Пометы:  № 10614; № 2554; 14 Декабря 1829. Къ дѣлу.

———

* (Черновое).

Arrivé au Caucase je ne pus resister au desir de voir mon frère [que je n’avois pas vu depuis] qui sert dans le regiment [de Hu] et dont j’etois separé — depuis 5 ans. Je crus [pouvoir] avoir le droit d’aller à Tiflis [d’autant plus que j’avois une feuille de pe]. Arrivé la je n’y trouvé plus l’armée, j’ecrivis à R — (un ami d’enfance) pour qu’il obtint pour moi du C-te P. la permission de venir au camp — [Une fois] J’arrivois le jour du passage du Sanganlou — Une fois là [ma p] je sentis combien ma position etoit fausse — il me parut [d’] embarassant d’éviter [la guerre] où je venois de me jetter si inopinement.

Сбоку текста:  l’idée de l’avoir....

———