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173. А. П. Кернъ.

[Вторая половина августа 1825 г. Михайловское].

Vous êtes désolante; j’étais en train de vous écrire des folies, qui vous eussent fait mourir de rire, et voilà que vôtre lettre vient m’attrister au beau milieu de ma verve. Tâchez de vous défaire de ces spasmes qui vous rendent si intéressante, mais qui ne vaillent pas le diable, je vous en avertis. Pourquoi faut-il donc que je vous gronde? Si vous aviez le bras en écharpe, il ne fallait pas m’ecrire; quelle mauvaise tête!

Dites moi donc, que vous a-t-il fait, ce pauvre mari? N’est-il pas jaloux par hasard? Hé bien, je vous jure qu’il n’aurait pas tort; vous ne savez pas ou (ce qui est bien pire) vous ne voulez pas ménager les gens. Une jolie femme est bien maîtresse.... d’être la maîtresse. Mon Dieu, je n’irai pas prêcher de la morale, mais encore, on doit des égards au mari, si non — personne ne voudrait l’être. N’opprimez pas trop le métier, il est nécessaire de par le monde. Tenez, je vous parle à coeur ouvert. A 400 v. de distance vous avez trouvé le moyen de me rendre jaloux; qu’est ce [que] donc que cela doit être à 4 pas? [(NB. Je voudrais bien savoir pourquoi M-r vôtre cousin n’est parti de Riga que le 15 du courant, et pourquoi son nom s’est-il trouvé 3 fois au bout de votre plume dans votre lettre à moi? sans indiscrétion peut-on le savoir?)]1. Pardons, Divine, si je vous dis franchement ma façon de penser; c’est une preuve du véritable intérêt que je vous porte; je vous aime beaucoup plus que vous ne croyez. Tâchez donc de vous accomoder tant soit peu de ce maudit M-r Kern. Je conçois bien que ce ne doit pas être un grand génie, mais enfin ce n’est pas non plus tout-à-fait un imbécile. De la douceur, de la coquetterie (et surtout, au nom du Ciel, des refus, des refus et des refus) le mettront à vos pieds, place que je lui envie du fond de mon âme, mais que voulez-vous? Je suis au désespoir du départ d’Annette; quoiqu’il en soit, il faut absolument que vous veniez cet automne ici ou bien à Pskov. On pourra prétexter une maladie d’Annette. Qu’en pensez-vous? Répondez-moi, je vous en supplie, et n’en dites rien à A. Vulf. Vous viendrez? — n’est ce pas? — jusque-là ne decidez rien à l’égard de votre mari. Vous êtes jeune, une carrière entière est devant vous,

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lui.... Enfin, soyez sûre que je ne suis pas de ceux, qui ne conseilleront jamais un parti violent, quelquefois c’est inévitable, — mais d’abord il faut raisonner et ne pas faire d’éclat inutile.

Adieu! Il fait nuit, et vôtre image m’apparait, toute triste et toute voluptueuse; je crois voir ôtre regard, votre bouche entrouverte. Adieu! Je crois être à vos pieds, je les presse, je sens vos genoux, — je donnerai tout mon sang pour une minute de réalité. Adieu, et croyez à mon délire; il est ridicule, mais vrai.<Перевод см. в примечании>

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1 Фраза, заключенная в скобки, слегка зачеркнута.