Уваров С. С. Письмо Пушкину А. С., 8 октября 1831 г. Москва // Пушкин А. С. Полное собрание сочинений: В 16 т. — М.; Л.: Изд-во АН СССР, 1937—1959.

Т. 14. Переписка, 1828—1831. — 1941. — С. 232—233.

http://feb-web.ru/feb/pushkin/texts/push17/vol14/y142232-.htm

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688. С. С. Уваров — Пушкину.

8 октября 1831 г. Москва.

Инвалид, давно забывший путь к Парнассу, но восхищенный прекрасными, истинно народными стихами Вашими, попробовал на деле сделать им подражание на французском языке. Он не скрывал от себя всю опасность борьбы с вами, но, вами вдохновенный, хотел еще раз, вероятно в последний, завинтить свой Европейской штык. Примите благосклонно сей опыт и сообщите оный В. А. Жуковскому.

Ув —

Москва
Октября 8. 1831.
А. С. Пушкину.

<Приложение:>

Aux détracteurs de la Russie.

              Imitation libre de Pouchkine.

Tribuns audacieux, orateurs populaires,

Le colosse du nord excite vos fureurs;

Laissez la, croyez-moi, vos absurdes clameurs,

Les Slaves opposés à des Slaves leurs frères

Ne vous demandent pas d'irriter leurs douleurs;

Au foyer paternel c'est un débat antique,

Issus de même race, ennemis dès longtemps,

Les peuples divisés, tour à tour triomphants,

Combattent par instinct et non par politique.

Jamais sous un drapeau les a-t-on vu s'unir?

Le Sarmate inquiet et le Russe fidèle

Ont à vider entre eux leur sanglante querelle;

S'il faut que l'un succombe, est-ce à nous de périr?

L'un perdra-t-il son nom, ou l'autre son Empire?

Pour que l'un d'eux triomphe, il faut que l'autre expire

Et le monde ébranlé ne peut les contenir;

Voilà tout le débat! — gardez donc le silence,

Étrangers à nos mœurs, étrangers à nos lois!

Dans ce drame imposant votre impuissante voix

      N'est qu'une insulte à cette lutte immense;

Vous ne connaissez pas nos griefs, nos malheurs,

Nos fastes arrosés et de sang et de pleurs,

Nos triomphes d'un jour, nos haines séculaires;

      Praga, Moscou muets et solitaires

Ne vous remplissent pas d'un morne et saint effroi...

Que sert de prodiguer à ce colosse-roi

         Vos invectives surannées?

N'a-t-il pas dédaignant de lâches destinées

Aux flammes de Moscou répudié la loi

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Du tyran qui foulait vos aigles enchaînées?

Serait-ce pour avoir naguère en vos remparts

Respecté vos travaux, vos monuments, vos arts,

De l'esprit et du gout merveilles éclatantes;

Nous qui vainqueurs venus des bouts de l'univers

Au pied de la Colonne établissant nos tentes

Au prix de notre sang, avions brisé vos fers?

Déclamateurs fougueux, descendez dans l'arène;

Voyons, le vieux Géant est-il tout épuisé?

Du glaive d'Ismayl le fer est-il brisé?

      La voix du Tsar retentit-elle à peine

         Dans le monde civilisé?

Avons-nous donc perdu nos droits à la victoire?

Comptons-nous peu de bras? — A l'appel de la gloire

Savez-vous que des flancs du Caucase orageux

Jusques aux bords glacés où la nature expire,

Dès rives du Niémen jusqu'au Céleste empire,

Comme un seul homme armé, vingt peuples généreux

      Vont s'élancer dans la carrière?

Franchissant des climats l'éternelle barrière,

S'ils venaient, vos guerriers, rhéteurs ambitieux,

S'ils venaient dans ces champs où reposent leurs frères,

      Près de leurs tertres funéraires

      Bientôt ils dormiraient comme eux. <См. перевод>