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661. П. А. Осипова — Пушкину и Н. Н. Пушкиной.

21 августа 1831 г. Тригорское.

Le 21 d'Août. 1831.

La Choléra chez nous aux environs de Trigorsk n'a d'autre inconvénient que de retarder la marche de la poste; et c'est à cela je pense qu'il faut attribuer l'arrivée si lente de votre lettre du 29 de Juillet, mon cher Alexandre, c'est le 11 d'Août que je l'ai reçue, et comme ma santé tout ce temps-ci n'est pas des meilleures je n'ai pas pu vous répondre plus tôt. Et puis Mr l'Archevêque, Mr Peschouroff, sont venus me voir, et puis il fallait aller chez Boris et Euphrosine, et puis mille petits riens m'empêchaient de vous écrire — jusqu'à aujourd'hui. — Je vous remercie pour la confiance que vous avez en moi, mais plus elle est grande plus je serai obligée de m'en rendre digne — et ma conscience ne me donnera pas de repos. C'est pourquoi au risque de vous ennuyer je vous demande, mon jeune ami, quelle somme vous êtes disposé2 d'employer pour l'acquisition de ce que vous appelez une chaumière — 213 je pense, pas plus de 4 ou 5 mille. — Les habitants de Savkino ont 42 arpents de terrain divisé entre trois propriétaires. Deux entre ceux-ci sont déjà presque d'accord pour la vente, mais le plus vieux ne se décide point — et pour cette raison demande un prix fou. Mais si vous me dites ce que vous voulez employer pour une acquisition — nous avons un moyen de concilier les désirs du vieillard, et les nôtres. Car que ferez-vous d'une terre qui vous éloignerait de Michailovsk? — (et j'ose d'après votre aimable expression) de Trigorsk, qui à présent n'a de charme pour moi que par l'espoir de votre voisinage. — C'est pourquoi jusqu'à ce que je perdrai tout espoir, je tiendrai pour Sawkino. — Nous avons appris, hélas! les troubles des Colonies Militaires. Vous avez raison, en parlant de ce qu'il ne faut pas. — Mais aussi longtemps que le brave Nicolas se tiendra de la mode du gouvernement militaire, cela n'ira que de pire en mal — apparemment qu'il n'a pas lu avec attention, ou point du tout, l'Histoire du Bas-Empire, par Ségur.* — Que pense-t-on de cette sotte guerre de la Pologne chez vous. Quand aura-t-elle une fin. — Je m'oublie au plaisir de causer avec vous, mon aimable fils de mon cœur. Car si mon papier eusse l'étendue du ciel et l'eau de mon encre fournie par la mer, j'aurai toujours encore une idée pour vous exprimer mon amitié, et pourtant deux mots le diront aussi bien: aimez-moi le quart de ce que je vous aime et cela me suffira. Annette et Alexandrine vous saluent.

Prasicovie Ossipoff.

Mille choses à vos parents de ma part.

<H. H. Пушкиной:>

En vérité, Madame, les trois lignes que vous m'avez adressées dans la lettre que je viens de recevoir de votre époux, m'ont fait plus de plaisir qu'en d'autre temps trois pages, et je vous en remercie de tout mon cœur. Je me félicite de l'espérance de pouvoir vous voir un jour, car je suis toute prête à vous admirer et à1 vous aimer comme le font tous ceux qui ont la satisfaction de vous connaître. Vous rendez heureux des personnes que j'aime, voici déjà un droit à ma reconnaissance. Je vous prie de croire aux sentiments très affectueux

                                                   de votre très humble servante
                                                   Praskovie Ossipoff.

Si ma chère Olga est au milieu de vous, veuillez bien lui dire mille choses agréables de ma part.

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* Maint autres qui ont écrit sur les causes des chutes des Empires. <См. перевод>

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     2 В подлиннике: quel sommes vous est disposée

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