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548. E. M. Хитрово.

11 декабря 1830 г. Москва.

Mon père vient de m'envoyer une lettre que vous m'avez adressée à la campagne. Vous devez être aussi assurée de ma reconnaissance, que je le suis de l'intérêt que vous daignez prendre à mon sort. Je ne vous en parlerai donc pas, Madame. Quant à la nouvelle de ma rupture, elle est fausse et n'est fondée que sur ma longue retraite et mon silence habituel avec mes amis. Ce qui m'intéresse pour le moment, c'est ce qui se passe en Europe. Les élections de la France sont, ditesvous, dans un bon esprit. Qu'appelez-vous un bon esprit? Je tremble qu'ils ne mettent en tout cela la pétulance de la victoire, et que Louis-Philippe ne soit par trop roi-soliveau. La nouvelle loi des élections mettra au banc des députés une génération jeune, violente, peu effrayée des excès de la révolution républicaine qu'elle n'a connue que par les mémoires et qu'elle n'a pas traversée. Je ne lis pas encore les journaux, car je n'ai pas encore eu le temps de me reconnaître. Quant aux journaux Russes je vous avoue que la suppression de la Gazette littéraire m'a fort étonné. Sans doute l'éditeur a eu tort d'inserrer le billet 135 de bonbon de C.<asimir> la Vigne — mais ce journal est si inoffensif, si ennuyeux dans sa gravité qu'il n'est lu que des littérateurs et qu'il est tout à fait étranger même aux allusions de la politique. J'en suis fâché pour Delvig, homme tranquille, père de famille, tout à fait estimable et auquel cependant la sottise ou l'inadvertance d'un moment peuvent nuire auprès du gouvernement et cela dans un moment où il sollicitait pour sa mère,veuve du Général Delvig, une pension de Sa Majesté.

Veuillez, Madame, me mettre aux pieds des Comtesses vos filles, dont la bienveillance m'est plus que précieuse, et souffrez que je reste aux vôtres.

11 dec. <См. перевод>