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252. Анна Н. Вульф — Пушкину.

Конец февраля — 8 марта 1826 г. Малинники.

Vous devez être maintenant à Михайловское depuis longtemps — voilà tout ce que je puis savoir au juste sur votre compte — longtemps j'ai balancé si je vous écrirai avant de recevoir une lettre de vous; mais comme la réflexion ne me sert jamais de rien, j'ai fini par céder au désir que j'avais de vous écrire. Mais par quoi commencerais-je et que vous dirais-je. Je crains et je ne puis laisser aller ma plume; Dieu, pourquoi ne suis-je pas partie avant, pourquoi — mais non, mes1 regrets ne servent à rien — ils ne seront peut-être [pour vous] qu'un triomphe pour votre vanité, il est très probable que vous ne vous rappelez plus les derniers jours que nous avons passés ensemble. Je suis fâchée de ne vous avoir pas écrit les premiers jours de mon arrivée, ma lettre aurait été charmante; mais aujourd'hui cela m'est impossible, je ne puis être que tendre et je crois que je finirai par déchirer cette lettre. [Il est presque] Savez vous que je pleure en vous écrivant, cela me compromet, je le sens; mais c'est plus fort que moi, je ne puis me vaincre. Il est presque sûr que je reste ici, ma chère Mère l'a arrangé sans me demander mon avis — elle dit que c'est une grande inconséquence de ma part de ne pas vouloir rester maintenant quand en hiver je voulais partir seule même! Voyez que vous êtes fautif de tout vous-même — dois-je maudire ou bénir la providence de vous avoir envoyé [sur mon chemin] à Trigorsk? — Si encore vous m'en voudrez d'être restée ici, vous serez un monstre après cela, — entendez vous, Monsieur. Je ferai tout mon possible de ne pas rester, je vous donne ma parole, et si je ne réussis pas, croyez que cela ne sera pas ma faute. Ne croyez cependant pas que cela soit peut-être parce que je n'ai personne ici — loin de cela, j'ai trouvé [ici] un Cousin charmant qui m'aime passionnément et ne demande pas mieux que de me le prouver à votre manière si je le voulais. Ce n'est pas un uland comme vous le supposerez peut-être, mais un officier de la garde, un charmant jeune homme et qui ne me fait d'infidélité pour personne, entendez-vous? Il ne peut supporter l'idée que j'ai passé tant de temps avec vous, un aussi grand libertin. Mais hélas! je ne sens rien à son approche — sa présense ne fait naître aucune émotion en moi. Je crois toujours recevoir une lettre de vous, quelle jouissance cela serait pour moi. Cependant je n'ose vous le demander, je crains même que je ne pourrais pas vous écrire, car je ne sais, si je pourrais cacher mes lettres de mes Cousines — et alors que pourrais-je vous dire — j'aime mieux ne point recevoir de vos lettres aussi que d'en avoir de pareilles à celles de Riga. Pourquoi ne vous ai-je pas quitté à présent avec l'indifférence d'alors — pourquoi Netty n'est-elle pas venue me chercher alors? Peut-ètre nous nous serions séparés autrement. Cette lettre sous différents prétextes je ne lui ai pas montrée en disant que c'est à A.<nnette> K.<ern> que j'écrivais. Mais je ne pourrais pas le faire toujours sans donner du soupçon. Malgré toute mon étourderie et mon inconséquence vous avez su me rendre discrète. Je parle de vous aussi peu que possible, mais je suis triste et je pleure. Je suis bien folle cependant, car je suis sûre que pour vous vous pensez à moi avec beaucoup d'indifférence déjà et dites

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peut-être des horreurs de moi, tandis que moi! — J'ai oublié de vous dire que Maman a trouvé que vous étiez triste à notre départ. Ему, кажется, нас жаль! Mon désir de retourner lui donne du soupçon et je crains de trop presser. Adieu, je vous fais une grimace.

Le 8 mars. Il y a déjà quelque temps que je vous ai écrit cette lettre, je ne pouvais me résoudre à vous l'envoyer. Dieu! Il est décidé que je reste ici: hier j'ai eu une scène très vive avec ma mère pour mon départ, elle a dit devant tous mes parents qu'elle me laissait décidément ici, que je devais rester, et qu'elle ne pouvait pas me prendre, puisqu'en partant elle s'était arrangée de manière à me laisser ici. Si vous saviez comme je suis triste. Je crois vraiment comme A.<nnette> K.<ern> qu'elle veut seule faire votre conquête et que c'est par jalousie qu'elle me laisse ici. J'espère cependant que cela ne sera que jusqu'à l'été, ma tante ira alors à Pskoff — et nous reviendrons ensemble avec Netty. Mais combien de changements peuvent arriver jusqu'alors, peut-être qu'on vous pardonnera, [je sais qu'alo<rs>] peut-être que Netty vous rendra autre. Il sera mal avisé de ma part de revenir avec elle, j'en courrais le risque cependant — et j'espère avoir assez d'amour-propre pour ne pas vous regretter. A.<nnette> K.<ern> doit venir aussi ici — il n'y aura cependant pas de rivalité entre nous, il paraît que chacune est contente de son lot. Cela vous fait honneur et prouve notre vanité et crédulité. Euphr<osine> m'écrit que vous lui avez dit que vous vous êtes amusé à Pskoff — est-ce après moi? — quel homme vous seriez alors? — et quelle sotte je serais! — Avez-vous pris la baguette д'Илья Ив.<анович>? Quand je reviendrai, je vous la demanderai. Dieu! Si je recevais une lettre de vous que je serai contente, ne me trompez pas au nom du Ciel, dites que vous ne m'aimez pas du tout, alors je serai plus tranquille peut-être. Je suis furieuse contre ma Mère, quelle femme vraiment. Au reste en tout cela il y a aussi de votre faute.

Adieu, que direz-vous après avoir lu cette lettre? Si vous m'écrirez — faites le par Treuer, cela sera plus sûr. Je ne sais pas comment vous adresser cette lettre, j'ai peur que par Trigorsk elle ne tombe dans les mains de Maman, ou vous écrirais-je par Euph.<rosine> — dites moi ce qui sera mieux.

<см. перевод>

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