431

675. П. А. ОСИПОВОЙ.

Около (не позднее) 26 октября 1835 г.

Из Петербурга в Тригорское.

Me voici, Madame, arrivé à Pétersbourg. Imaginez-vous que le silence de ma femme provenait de ce qu’elle s’était mis dans la tête d’adresser ses lettres à Опочка. Dieu sait d’où cela lui est venu. En tout cas je vous supplie d’y envoyer un de nos gens, pour faire dire au maître de poste que je ne suis plus à la campagne et qu’il renvoye tout ce qu’il a à Pétersbourg.

J’ai trouvé ma pauvre mère à l’extrémité, elle était venue de Pavlovsk pour chercher un logement, et elle est tombée subitement en faiblesse chez M-me Княжнин, où elle s’était arrêtée. Rauch et Spaski n’ont aucune espérance. Dans cette triste situation j’ai encore le chagrin de voir ma pauvre Natalie en butte à la haine du monde. On dit partout qu’il est affreux qu’elle soit si élégante, quand son beau-père et sa belle-mère n’ont pas de quoi manger, et que sa belle-mère se meurt chez des étrangers. Vous savez ce qu’il en est. On ne peut pas dire à la rigueur qu’un homme qui a 1200 paysans soit dans la misère. C’est mon père qui a quelque chose, et c’est moi qui n’ai rien. En tout cas Natalie n’a que faire dans tout cela; c’est moi qui devrait en répondre. Si ma mère s’était venue établir chez moi, Natalie, comme de raison, l’aurait reçue. Mais une maison froide, remplie de marmaille et encombrée de monde n’est guère convenable à une malade. Ma mère est mieux chez elle. Je l’ai trouvée déjà déménagée; mon père est dans un état bien à plaindre. Quant à moi, je fais de la bile, et je suis tout abasourdi.

Croyez m’en, chère Madame Ossipof, la vie toute süsse Gewohnheit qu’elle est, a une amertume qui finit par la rendre dégoutante et c’est un vilain tas de boue que le monde. J’aime mieux Тригорское. Je vous salue de tout mon coeur.

<См. перевод>