389

597. А. X. БЕНКЕНДОРФУ.

6 июля 1834 г. В Петербурге.

Monsieur le Comte,

Permettez-moi de Vous parler à coeur ouvert. En demandant mon congé, je ne pensais qu’à des affaires de famille embarassantes et pénibles. Je n’avais en vue que l’inconvéniant d’être obligé de faire plusieurs voyages tandis que je serais attaché au service. Sur mon Dieu et sur mon âme, c’était ma seule pensée; c’est avec une

390

douleur profonde que je la vois si cruellement interprétée. L’empereur m’a comblé de grâces dès le premier moment que sa royale pensée s’est portée sur moi. Il y en a auxquelles je ne puis penser sans une profonde émotion, tant il y a mis de loyauté et de générosité. Il a toujours été pour moi une providence, et si dans le cours de ces huit ans il m’est arrivé de murmurer, jamais, je le jure, un sentiment d’aigreur ne s’est mêlé à ceux que je lui ai voués. Et dans ce moment, ce n’est pas l’idée de perdre un protecteur tout puissant qui me remplit de douleur, c’est celle de laisser dans son esprit une impression que par bonheur je n’ai pas méritée.

Je réitère, Monsieur le Comte, ma très humble prière de ne pas donner de suite à la demande que j’ai faite si étourdiment.

C’est en me recommandant à Votre puissante protection, que j’ose vous présenter l’hommage de ma haute considération.

Je suis avec respect

Monsieur le Comte

de Votre Excellence

 

6 Juillet.

   St-P.

le  très  humble  et  très  obéissant serviteur

Alexandre Pouchkine.        

<См. перевод>