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516а. Д. Н. ГОНЧАРОВУ.
Первая половина (не позднее 6 июля) 1833 г.
Из Петербурга в Полотняный завод
Mon cher Дмитрий Николаевич!
Votre lettre est venue me trouver au moment même où j’allais vous écrire pour vous parler de mes embarras à propos des couches prochaines de Natalie et de l’argent dont je vais avoir grand besoin. — De cette manière nos demandes se seraient croisées. Cependant j’ai réussi à quelque chose. Le Prince Владимир Сергеевич Голицын se trouve à présent ici, et je lui ai parlé de vous et de votre affaire. — Il m’a paru disposé a vous obliger, et m’a dit qu’à la fin de ce mois il serait a Moscou, où vous pourrez vous aboucher. Si vous arrangez cet emprunt, je vous prierais de me prêter pour six mois 6,000 roubles dont j’ai grand besoin et que je ne sais où prendre; comme il est parfaitement égal au Prince Gallitzine de prêter 35 ou bien 40,000 et même plus — c’est la source où vous aurez la bonté de puiser s’il est possible. — Je ne puis le faire moi-même car je ne puis lui donner de garantie que ma parole, et je ne veux pas m’exposer à un refus. — Comme vous êtes le chef de la famille à laquelle je me félicite de m’être allié et que vous êtes pour nous un véritable et bon frère, je risque de vous ennuyer pour vous parler de mes affaires. Ma famille augmente, mes occupations me retiennent forcément à Pétersbourg, les dépenses vont leur train, et n’ayant pas cru devoir les restreindre la première année de mon mariage, mes dettes ont augmenté aussi. Je sais que pour le moment vous ne pouvez rien faire pour nous, ayant sur les bras une fortune fortement dérangée, des dettes, et une famille à soutenir; mais si Наталья Ивановна avait la bonté de faire quelque chose pour Natalie, как бы мало то ни было, cela serait pour nous un grand secours. Vous savez, que connaissant la gêne habituelle où elle se trouve, jamais je ne l’ai importuné, mais la nécessité et même le devoir m’y obligent — car certes ce n’est pas pour moi, mais bien pour Natalie et nos enfants que je songe à l’avenir. Je ne suis pas riche et mes occupations actuelles m’empêchent de me livrer a mes travaux littéraires qui me faisaient vivre. Si je meurs, ma femme reste sur le pavé et nos enfants dans la misère. Tout cela est triste et me décourage. — Vous savez que Natalie devait avoir 300 p[aysans] de son grand père; Наталья Ивановна m’avait dit d’abord qu’elle lui en donnait 200. Votre grand père n’a pu le faire, et même je n’y ai pas compté; Наталья Ивановна a craint que je ne vende la terre, et que je ne lui donne un voisin désagréable; à cela il serait facile de remédier; il n’y aurait qu’à insérer une clause dans la donation comme quoi Natalie n’aurait pas le droit de vendre la terre. — C’est avec bien de la répugnance que j’ai entamé ce sujet, car au fond je ne suis, ni juif, ni usurier,
338 quoiqu’on me l’aye reproché, mais que voulez-vous? Si vous croyez qu’il n’y a rien dans cette lettre qui puisse chagriner Наталья Ивановна, montrez la lui, si non, parlez lui en, et laissez là l’affaire, des que vous verrez qu’elle lui est désagréable.
Adieu.