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419. И. И. ГОНЧАРОВОЙ.

26 июня 1831 г. Из Царского Села в Москву.

Madame

Je vois par la lettre que vous avez écrite à Natalie que vous êtes très mécontente de moi à cause de ce que j’ai fait part à Афанасий Николаевич des prétentions de M-r Polivanof. Il me semble que je vous en ai parlé d’abord. Ce n’est pas mon affaire de marier les demoiselles, et que M-r Polivanof soit agréé ou non, cela m’est parfaitement égal, mais vous ajoutez que ma démarche me fait peu d’honneur. Cette expression est injurieuse et j’ose dire que je ne l’ai jamais méritée.

J’ai été obligé de quitter Moscou pour éviter des tracasseries qui à la longue pouvaient compromettre plus que mon repos; on me dépeignait à ma femme comme un homme odieux, avide, un vil usurier, on lui disait: vous êtes une sotte de permettre à votre mari etc. Vous m’avouerez que c’était prêcher le divorce. Une femme ne peut décemment se laisser dire que son mari est un infâme, et le devoir de la mienne est de se soumettre à ce que je me permets. Ce n’est pas à une femme de 18 ans de gouverner un homme de 32. J’ai fait preuve de patience et de délicatesse, mais il parait que l’une et l’autre est duperie. J’aime mon repos et je saurai me l’assurer.

A mon départ de Moscou vous n’avez pas jugé à propos de me parler d’affaire; vous avez mieux aimé faire une plaisanterie sur la possibilité d’un divorce, ou de quelque chose comme ça. Il m’est indispensable cependant de savoir définitivement ce que vous avez

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résolu à mon égard. Je ne parle pas de ce qu’on a été intentionné de faire pour Natalie; cela ne me regarde pas et je n’y ai jamais songé malgré mon avidité. J’entends les 11 000 roubles que j’ai prêtés. Je n’en demande pas le payement, et ne vous presse en aucune manière. Je veux seulement savoir au juste quels sont les arrangements que vous jugerez à propos de prendre, afin que je prenne les miens en conséquence.

Je suis avec le respect le plus profond

      Madame

Votre  très  humble  et  très  obéissant

 

26 juin 1831.

Sarsko-Sélo.

serviteur                
Alexandre Pouchkine.

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