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375. Е. М. ХИТРОВО.
9 декабря 1830 г. Из Москвы в Петербург.
En rentrant à Moscou, Madame, j ai trouvé chez la princesse Dolgorouky un paquet de votre part. C’était des gazettes de France et la tragédie de Dumas — tout était nouvelles pour moi, malheureux pestiféré de Нижний. Quelle année! quels événements! La nouvelle de l’insurrection de Pologne m’a tout à fait bouleversé. Nos vieux ennemis seront donc exterminés et c’est ainsi que rien de ce qu’a fait Alexandre ne pourra subsister, car rien n’est basé sur les véritables intérêts de la Russie, et ne pose que sur des considérations de vanité personnelles, d’effet théâtral etc.... Connaissez-vous le mot sanglant de maréchal votre père? A son entrée à Vilna, les Polonais vinrent se jetter à ses pieds. Встаньте, leur dit-il, помните, что вы русские. — Nous ne pouvons que plaindre les Polonais. Nous sommes trop puissants pour les haïr, la guerre qui va s’ouvrir sera une guerre d’extermination — ou du moins devrait l’être. L’amour de la patrie, tel qu’il peut exister dans une âme polonaise, a toujours été un sentiment funèbre. Voyez leur poète Mickévicz. — Tout cela m’attriste beaucoup. La Russie a besoin de repos. Je viens de la parcourir. La sublime visite de l’empereur a ranimé Moscou, mais il n’a pu être à la fois dans tous les 16 gouvernements empestés. Le peuple est abattu et irrité. L’année 1830 est une triste année pour nous. Espérons — c’est toujours bien fait d’espérer.
9 décembre.