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368. Н. Н. ГОНЧАРОВОЙ.
18 ноября 1830 г. Из Болдина в Москву.
Boldino, 18 Nov.
Encore à Boldino, toujours à Boldino. Ayant appris que vous n’aviez pas quitté Moscou, j’ai pris la poste et je suis parti. Arrivé sur la grand’route, je vis que vous aviez raison; que les 14 quarantaines n’étaient que des avant-postes — qu’il n’y avait de vraies quarantaines que trois. J’arrivais bravement à la première (à Sévasleika, gouvernement de Vladimir). I’inspecteur demande ma feuille de route, en m’apprenant que je n’aurai que 6 jours d’arrêts à subir. Puis il jette les yeux sur la fouille. Вы не по казенной надобности изволите ехать? — Нет, по собственной самонужнейшей. — Так извольте ехать назад на другой тракт. Здесь не пропускают. — Давно ли? — Да уж около 3 недель. — И эти свиньи губернаторы не дают этого знать? — Мы не виноваты-с. — Не виноваты! а мне разве от этого легче? нечего делать — еду назад в Лукоянов; требую свидетельства, что еду не из зачумленного места. Предводитель здешний не знает, может ли после поездки моей дать мне это свидетельство — я пишу губернатору, а сам в ожидании его ответа, свидетельства и новой подорожной сижу в Болдине да кисну. Voilà comment j’ai fait 400 verstes sans avoir bougé de ma tanière.
Ce n’est pas tout: de retour ici j’espérais du moins avoir de vos lettres. Ne voilà-t-il pas qu’un ivrogne de maître de poste à Mourome s’avise de mêler les paquets, de manière qu’Арзамас reçoit la poste de Казань, Нижний celle de Лукоянов et que votre lettre (s’il y en a une) se promène maintenant je ne sais où et me viendra quand il plaira à Dieu. Je suis tout découragé et puisque nous voilà en carême — (dites maman que ce carême-ci, je ne l’oublierai de longtemps) je ne veux plus me dépêcher; je laisserai aller les choses, et je resterai les bras croisés. Mon père m’écrit toujours que mon mariage est rompu. Ces jours-ci il m’apprendra peut-être que vous êtes mariée... Il y a là de quoi perdre la tête. Béni soit le prince Chalikof qui enfin m’a appris que la choléra a diminué. Voilà depuis trois mois la seule bonne nouvelle qui soit parvenue jusqu’à moi. — Adieu, мой ангел, portez-vous bien, ne vous mariez pas à M-r Davidof, et pardonnez-moi ma mauvaise humeur. Mettez-moi aux pieds de maman, bien des choses à tout le monde. Adieu.