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363. Н. Н. ГОНЧАРОВОЙ.

4 ноября 1830 г. Из Болдина в Москву.

Le 9 vous étiez encore à Moscou! mon père me l’écrit; il m’écrit encore que mon mariage est rompu. En est-ce assez pour me pendre? je vous dirai encore qu’il y a 14 quarantaines depuis Лукоянов jusqu’à Moscou. Est-ce bon? Maintenant je m’en vais vous raconter une anecdote. Un de mes amis faisait la cour à une jolie femme. Un jour qu’il vient chez elle, il trouve sur sa table un album qu’il ne connaissait pas — il veut le voir — Madame se jette dessus et le lui arrache; nous sommes quelquefois aussi curieux que vous autres, belles dames. Mon ami employé toute son éloquence, toutes les ressources de son esprit, pour se faire rendre l’album. Madame tient bon; il est obligé d’y renoncer. Quelque temps après cette pauvre petite femme meurt. Mon ami assiste à son enterrement et vient consoler le pauvre mari. Ils fouillent ensemble dans les tiroirs de la défunte. Mon ami apperçoit le mystérieux album. Il s’en saisit, il l’ouvre, il était tout blanc à l’exception d’un seul feuillet où étaient écrits ces 4 mauvais vers du «Кавказский пленник»:

Не долго женскую любовь
Печалит хладная разлука,
Пройдет любовь, настанет скука

etc... Maintenant parlons d’autre chose. Quand je dis parlons d’autres choses, je veux dire, revenons à nos moutons. Comment n’avez-vous pas honte d’être restées à la Nikitska — en temps de peste? C’est bon pour votre voisin Адриан qui doit faire de bonnes affaires. Mais Наталья Ивановна, mais vous! — en vérité je ne vous conçois pas.

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Je ne sais comment parvenir jusqu’à vous. Je crois que Вятка est encore libre. En ce cas j’irai par là. Ecrivez-moi cependant à Абрамово для доставления в Болдино. Vos lettres me parviendront toujours.

Adieu, que Dieu vous conserve. Mettez-moi aux pieds de M-me votre mère.

4 Nov.         

Mes hommages à toute la famille.

<См. перевод>