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156. А. П. КЕРН.
13 и 14 августа 1825 г. Из Михайловского в Ригу.
Je relis votre lettre en long et en large et je dis: милая! прелесть! divine!.. et puis: ax мерзкая!.. Pardon, belle et douce; mais c’est comme ça. Il n’y a pas de doute que vous êtes divine, mais quelquefois vous n’avez pas le sens commun; pardon encore une fois et consolez-vous, car vous n’en êtes que plus jolie. Par exemple que voulez vous dire avec ce cachet qui doit vous convenir et vous plaire (l’heureux cachet!) et dont vous me demandez le sujet? à moins qu’il n’y ait là un sous-entendu, je ne conçois pas ce que vous désirez. Me demandez-vous une devise? ce serait tout-à-fait à la Netty. Allons, gardez toujours le: Не скоро, а здорово, pourvu que cela ne soit pas la devise de votre voyage à Trigorsky — et parlons d’autre chose. Vous me dites que je ne connais pas votre caractère. Que m’importe votre caractère? je ne m’en moque pas mal — est-ce que les jolies femmes doivent avoir un caractère? l’essentiel ce sont les yeux, les dents, les mains et les pieds — (j’y aurais joint le coeur, mais votre cousine a trop décrié ce mot). Vous dites qu’il est facile de vous connaître; vous vouliez dire de vous aimer? je suis assez de cet avis, et j’en suis même la preuve — je me suis conduit avec vous comme un enfant de 14 ans — c’est indigne — mais depuis que je ne vous vois plus, je reprends peu à peu l’ascendant que j’avais perdu, et je m’en sers pour vous gronder. Si jamais nous nous reverrons, promettez moi..... — Non, je ne veux pas de vos promesses; et puis une lettre est si froide, une prière par poste n’a ni force, ni émotion, et un refus n’a ni grâce, ni volupté. Au revoir donc — et parlons d’autre chose. Comment va la goutte de M-r votre époux? j’espère qu’il en a eu une bonne attaque le surlendemain de votre arrivée. Поделом ему! Si vous saviez quelle aversion mêlée de respect je ressens pour cet homme! Divine, au nom du Ciel, faites qu’il joue et qu’il ait la goutte, la goutte! C’est ma seule espérance,
En relisant encore votre letrre, j’y trouve un terrible si que je n’avais pas remarqué d’abord. Si ma cousine reste je viendrai cet automne etc. — au nom du Ciel, qu’elle reste donc! tâchez de l’amuser, rien de plus facile; ordonnez à quelque officier de votre garnison d’être amoureux d’elle, et quand il sera temps de partir, ennuyez-la en lui enlevant son soupirant; rien encore de plus facile. Ne lui montrez pas cela au moins: par entêtement elle est capable de taire tout le contraire de ce qu’il faut. Que faites-vous de votre cousin? mandez-le moi, mais franchement. Envoyez-le bien vite à son université, je ne sais pourquoi je n’aime pas plus ces étudiants
132 que le fait M-r Kern. C’est un bien digne homme que M-r Kern, un homme sage, prudent etc.; il n’a qu’un seul défaut — c’est celui d’être votre mari. Comment peut-on être votre mari? c’est ce dont je ne puis me faire une idée, non plus que du paradis.
Ceci était écrit hier. Aujourd’hui, jour de poste, je ne sais pourquoi je m’étais mis en tête de recevoir une lettre de vous. Cela n’a pas eu lieu et je suis d’une humeur de chien le plus injustement du monde; j’aurais dû être reconnaissant pour la fois passée, je le sais; mais que voulez-vous? je vous supplie, divine — compatissez à ma faiblesse, écrivez moi, aimez moi et je tâcherai alors d’être aimable. Adieu, дайте ручку.
14 août.