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Письмо Альфреда Фаллу къ барону Жоржу Геккерену.

8 Mars 1837.

Si vous comptez vos amis par l’attachement, qu’il vous ont voué, mon cher Georges, plus que par leur ancienneté, je suis sûr que vous m’aurez

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mis en tête de ceux que votre malheur a bien vivement frappés. Je ne saurai vous dire assez, combien j’en étais préoccupé, et Monsieur de Montessuy pourra vous apprendre, j’espère, par son beau-frère, combien j’ai mis d’empressement et de persévérance à chercher Monsieur d’Archiac, aussitôt que j’ai appris son retour à Paris. Les moindres détails de cette affreuse catastrophe avaient pour moi un intérêt bien réel, et m’ont tous prouvé ce, dont je n’avais jamais douté. Je ne puis prétendre à vous apporter aucune consolation, et vous avez d’ailleurs la plus efficace de toutes — celle d’avoir constamment obéi à des sentiments d’honneur, mais je veux vous assurer du moins, que j’éprouve bien sincèrement le regret de ne pouvoir être près de vous. La seule chose qui ait pu m’empêcher de vous l’exprimer dès le premier moment, c’est que les Russes en ce moment à Paris m’avaient assuré, que la première formalité dans votre position était une détention à la forteresse, et que ma lettre ne vous arriverait sans doute pas. Je ne sais si je dois désirer vous voir bientôt en France, et quelles résolutions sont les vôtres. On m’a assuré que vous en resterez complètement le maître; cela me suffit pour ce moment-ci, et je veux seulement vous demander de me tenir au courant de votre position, lorsqu’elle sera définitivement fixée. Dans le cas où le souvenir de la Patrie vous ramènerait vers nous, je serais bien affligé, si je n’étais pas instruit de votre retour de manière à en profiter le premier. Si même je pouvais vous être utile en quoi que ce soit, disposez de moi d’avance et sans aucun scrupule. Je recevrai chaque commission comme autant de preuves de votre amitié; et comme signe aussi d’un peu de confiance dans la mienne. —

Monsieur d’Archiac m’a remis hier une lettre d’Alexandre Troubetzky, dites lui bien qu’elle m’a fait un plaisir que je ne puis lui rendre. Une preuve de votre souvenir à tous deux me touchera toujours au fonds du coeur, soyez en sûrs; il aura reçu, j’espère, une longue lettre de moi à peu près au moment, où il m’écrivait. J’espère que nos pensées se seront plus d’une fois rencontrées ainsi sans s’en douter. Je vais aller chercher le Prince Bariatinsky et faire tous nos efforts pour acquitter avec lui mes dettes envers vous. Je ne veux pas abuser de l’enveloppe de Monsieur de Montessuy, et suis obligé de borner là pour aujourd’hui tout ce que j’aurais eu grand bonheur à vous dire. Laissez moi tout réunir dans une embrassade bien amicale. —

A vous
Alfred de Falloux.

P. S. Mille hommages respectueux au baron Heeckeren. Souvenirs bien reconnaissants à tous ceux qui se rappellent encore mon nom. Je compte toujours sur un hiver à St. Pétersbourg.