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6. Копія съ письма барона Геккерена къ барону Жоржу Геккерену
въ Тильзитъ (безъ числа
).

Je ne t’écris que peu de mots, mon cher Georges, et après la manière dont on t’a fait partir hier, tu comprendras ma reserve; ta femme et moi étant encore ici, j’ai des ménagemens à garder; Dieu veuille que tu aie pu supporter cet horrible voyage, malade comme tu étais et avec les deux

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blessures ouvertes; t’aura-t-on permis ou plutôt donné le temps en route de penser tes blessures, c’est ce que je ne crois pas et c’est là toute mon inquiétude; soigne-toi pendant que tu es à nous attendre, et si tu veux, vas à Königsberg, où tu sera mieux qu’à Tilsit; je ne te nomme pas les personnes qui nous témoignent de l’intérêt pour ne pas les compromettre, car il paraît que décidement nous sommes destinés à être offerts en... (не разобр.) au parti qui commence à se montrer à découverte, et dont quelques organes excitent le pouvoir contre nous. — Tu sais de qui je veux parler et te dirai, que mari et femme sont parfaits et nous soignent comme des parents et ce qui vaut mieux comme des amis. Dès que Gêvers sera arrivé, nous partons, mais il se passera toujours quinze jours avant que nous soyons avec toi. Si tu ne reste pas à Tilsit laisse nous un mot à la poste pour avoir de tes nouvelles. Voici dans tous les cas un passe-part de Barante avec le visa prussien. Ta femme est bien ce matin, mais le médécin ne lui permet pas de se lever, et elle doit rester coucher pendant deux jours, pour ne pas provoquer une fausse couche qu’on a craint un moment cette nuit; elle est bien gentille, bien douce, bien obéissante et très raisonnable; je te donnerai de ses nouvelles tous les jours de poste et compte sur moi pour la bien soigner. Adieu; les Barantes te font bien des amitiés, ils sont parfaits pour ta femme; je t’embrasse de coeur à revoir bientôt. La vieille Zagratzky est morte hier au soir. Mlle Z[agratzky], la tante, est une accariâtre et obstinée personne; mais j’ai entreposé mon autorité, en ne permettant pas que ta femme passe la journée à lui écrire pour satisfaire sa curiosité, car ses soins et son affection ne sont que de l’ostentation et rien autre chose. Le docteur sort de chez ta femme et me dit, que tout va bien.

Tout à toi de coeur.

L’officier G. m’a fait demandé à me parler; mon Dieu, Georges, quel souvenir m’a tu légué là; ce qui me fait le plus de peine dans cette affaire, c’est ton manque de confiance; je ne veux pas te le cacher, mon coeur en a été blessé; je ne croyais pas avoir mérité ceci de ta part.