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Въ Датскомъ Государственномъ Архивѣ нашлись два донесенія Датскаго посланника въ С.-Петербургѣ графа Бломе со свѣдѣніями о дуэли и смерти Пушкина.

Графъ Отто Бломе (Otto Blome) родился въ Килѣ въ 1770 г., а умеръ въ 1849 году; въ графское достоинство возведенъ въ 1826 году. Въ Петербургѣ онъ находился съ 1804 по январь 1824 года и затѣмъ съ января 1826 по октябрь 1841 года. Въ промежуткѣ, въ теченіе нѣсколькихъ мѣсяцевъ, былъ Министромъ Иностранныхъ Дѣлъ. Во время войны Россіи со Швеціей онъ

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настойчиво совѣтовалъ своему правительству поддержать Россію1).

Графъ Бломе, или, по русской транскрипціи, Блумъ былъ хорошо извѣстенъ въ Петербургскомъ обществѣ. По словамъ Д. Н. Свербеева, онъ былъ «любимецъ этого общества, страстный охотникъ до лошадей, постоянно сопровождавшій Императора Александра въ красномъ своемъ мундирѣ на парадѣ и маневрахъ2).

Въ дневникѣ Пушкина за февраль 1835 года есть упоминаніе о Блумѣ. «На дняхъ въ театрѣ Фикельмонъ, говоря, что Bertrand et Raton3) не были играны на Петербургскомъ театрѣ по представленію Блума, датскаго посланника (и нашего стариннаго шпіона) присовокупилъ: Je ne sais pourquoi; dans la comédie il n’est seulement pas question du Danemark. Я прибавилъ: Pas plus qu’en Europe».

I.

St.-Pétersbourg, le 30 Janvier 1836./11 Février 1837.

Monsieur!

La dernière malle ne m’ayant point apporté de nouvelles de Votre Excellence.................
....................

Un évènement tragique, qui a eu lieu ces jours-ci, a d’autant plus produit une vive et pénible sensation dans le public, que les acteurs du drame étaient fort répandus dans la haute société.

Un jeune Français, M. de Dantès, qui a été, l’année dernière, formellement et légalement adopté comme fils et héritier par le Baron de Heeckeren, Ministre de Hollande, célébra, il n’y a que peu de jours son mariage avec la soeur de M-me de Puschkin. Celle-ci, d’une beauté remarquable, est l’épouse de l’auteur M. de Puschkin, qui s’est acquis une réputation bien méritée dans la littérature russe, surtout par des pièces

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de poésie. Il fut nommé historiographe de la Russie et chargé en même temps d’en exploiter les évènements les plus marquants, pour en former un ouvrage classique. D’un caractère des plus violens et d’une jalousie, qui ne connait pas de bornes, il fut égaré par des soupçons d’une intelligence secrète de son beau-frère avec sa femme. Sa rage s’exhala dans une lettre, dont les expressions les plus grossièrement offensantes, rendirent un duel inévitable. Ces deux Messieurs, s’étant donné rendez-vous au bois de Catherinenhoff, mercredi passé à quatre heures après midi, s’y battirent à 15 pas, au pistolet; tous deux habiles tireurs. La première balle frappa M. de Pouschkin au bas ventre et le renversa. Son extrème animosité lui prêta la force de se relever, et après avoir bien ajusté son adversaire, de lui percer le bras. La balle déjà un peu amortie, ne fit que glisser sur une des côtes, et n’y produisit qu’une simple contusion.

M. de Pouschkin a succombé hier, et payé de sa vie la fureur d’une passion, dont l’aveuglement le charge de tous les torts dans cette déplorable aventure. Quant au jeune Heeckeren, sa blessure n’est point d’une nature sujette à dangereuses conséquences.

Lord et Lady Londonderry sont partis.........
....................
....................

J’ai l’honneur d’être avec la plus haute considération

      Monsieur
de Votre Excellence
le très humble et très
obéissant serviteur
                    O. Blome.

A Son Excellence
Monsieur de Krabbe Carisius
Ministre Intime d’Etat
       etc. etc. etc.

         à Copenhague.

II.

St.-Pétersbourg, le 2/14 Février 1837.

Monsieur,

C’est par un courrier, qu’a reçu le Vice Chancelier .....
....................
....................

La cérémonie d’enterrement de M. Pouschkin a eu lieu hier matin.

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L’Empereur a abandonné l’instruction de cette malheureuse affaire au tribunal, devant lequel la marche ordinaire de la justice porte de pareils délits. — La loi contre les duels est très sévère. Elle condamne celui, qui a tué son adversaire, à être fait soldat, mais il dépend sans doute de la bonté de sa Majesté, d’en modifier la rigueur, et on espère, que, vu les circonstances atténuantes, Elle transformera l’arrêt, qui sera probablement prononcé contre le jeune Heeckeren en congé absolu du service et en renvoi hors des frontières. Quant à son second, M. d’Archiac, attaché à l’ambassade de France, le B-on de Barante s’est empressé de l’expédier en courrier à Paris.

Celui qui a servi de second à M. Pouschkin, un Colonel d’artillerie, n’en sera guère quitte à si bon marché.

On doute fort, que le B-on de Heeckeren père, après un si grand scandale et les chagrins, dont il a été abreuvé en cette circonstance, voudra prolonger son séjour ici, et l’on croit, qu’il sollicitera de son Gouvernement l’emploi dans un autre poste.

M. de Severin, Ministre de Russie près la Conféderation Suisse, vient d’arriver .................

....................Votre Excellence.

Qu’Elle veuille reçevoir l’assurance du profond respect avec lequel j’ai l’honneur d’être

Monsieur

de Votre Excellence
le très humble et très
obéissant serviteur
                 O. Blome.

A Son Excellence
Monsieur de Krabbe Carisius
Ministre Intime d’Etat
       etc. etc. etc.

        à Copenhague.

Сноски

Сноски к стр. 218

1) Dansk biografisk Lexicon udg. af C. F. Bricka, Bd. II, Kjopb. 1888, стр. 430 и сл.

2) Д. Н. Свербеевъ Записки, томъ I, стр. 314—315. Въ «Русск. Арх.» 1882, кн. 2-ая, стр. 170—172 напечатаны два донесенія Блума министру Розенкранцу о ссылкѣ Сперанскаго.

3) Пьеса Скриба, сюжетомъ которой послужила исторія Струэнзе, министра Даніи.