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[26-го марта 1832 г. Петербургъ].

Mon cher ami, Vous avez dû avoir reçu ma réponse à la lettre que Mr Kossagovsky m’a remise. Depuis j’a fait un grand pas pour Vous réjoindre, car j’ai vendu la lettre de change pour 4400 roubles. C’est Dourassoff qui m’a arrangé cette affaire, mais ce n’est que vers le mois de Mai que je dois recevoir l’argent ou plutôt le reste de l’argent. Mr Vildé a remis 1500 pour le moment à Mr Dourassoff que celui-ci emploiera pour la voiture qu’il a déjà commandée; le carossier veut être payé d’avance par tiersal. J’espère que le reste de la somme me suffira pour le voyage, surtout si Mr Petroff voudra bien me faire toucher l’argent.

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Si non, je Vous avoue que je n’en suis pas sûre, car mon père ne m’a rien donné; le maître de la maison patiente; au reste, c’est mon seul créancier; les vôtres, — je les envoie promener; parmi eux Votre tailleur me visite assez souvent. À propos: il y a un Mr Litke qui est revenu de Varsovie; il prétend et jure les grand Dieux, que Vos appointements se bornent à 5000 злотовъ, ce qui fait à peu près la moitié de ce dont Vous Vous vantez. Je ne sais trop pourquoi, mon bon ami, Vous ne seriez pas franc sur cet article, au moins avec moi: cela me fait faire des bévues, entre autre celle d’avoir dit à mon père que maintenant je puis me contenter de la moitié de ce qu’il me donne, et c’est bien peu, car cela se réduirait, d’après mon compte, à mille et d’après son calcul à un zero; et puis j’ai dit à tous ceux qui voulaient entendre que Vous recevez 5000 roubles d’appointements. D’après la mine, que plusieurs m’ont faite, je vois qu’on y ajoute pas trop de foi et je risque de passer pour une menteuse и хвастунья, — chose que j’ai en horreur, car je suis la franchise même. Si Vous me trompez, c’est bien mal à Vous. Je me défais de ma modique propriété qui m’aurait servie à passer agréablement 3 hivers (si je voulais la dépenser) soit ici ou à Moscou et maintenant c’est pour entreprendre un voyage pénible, pour être ensuite dans un pays qui ne m’intéresse d’aucune façon et qui m’éloigne de mes parens et de mes amis. Je serai avec un mari, il est vrai, mais avec un mari, dont je ne puis être sûre de l’affection, car il me trompe; et puis 3000 ne suffiront pas pour vivre à Varsovie sans faire des dettes. Ah! si j’aurais tout prévu, je n’aurais rien fait avant l’hiver prochain et j’aurais employé mon argent pour aller à l’étranger avec Md Harlinska. Ce voyage me serait une consolation et me serait salutaire au physique, comme au moral! Je vous le sacrifie ce voyage, le sentez-Vous? Vous n’êtes pas même franc avec moi et je suis bien malheureuse.

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Je viens de recevoir Votre lettre à l’instant avec celle pour Votre frère. J’ai reçu plus que 3 fichus, — c’est une méprise de Kossagovski, apparement. Aussi ne revient-il plus chez moi malgré ma prière?

Помѣта Н. И. Павлищева: 5/17 Avril 1832. Отправлено изъ Петербурга 26 Марта.