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26 Octobre [1831 г. Петербургъ].

Mon bon ami, je viens de recevoir 3 de Vos lettres à la fois: deux par la voie de la poste et une par celle de Mr Signavine3). Celle-ci n’a mis que 15 jours à venir, tandis que les autres environ un mois. — Quoique je Vous ai écrit avant hier, je Vous réponds actuellement a Vos dernières

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épîtres, qui, — ne Vous déplaise, — toutes les 3 se ressentent de Votre caractère неугомонный: à peine entré en fonction, ne connaissant pas encore tous les avantages que peut Vous procurer la place que Vous allez occuper, étant auprès d’un chef si bon et si fort en faveur, — ne voilà-t’il pas que Votre coup de marteau Vous revient, — Votre idée fixe de Consulat; bien de jeunes gens, et mariés, et de tous les âges voudraient être à Votre place, je crois; vous n’avez nulle raison de Vous plaindre d’être sans appui, sans protection. Vous occupez un poste fort agréable auprès de Mr Enguel, qui, si Vous Vous rendez nécessaire, ne manquera pas de Vous pousser, et, — comme je Vous l’ai dit dernièrement, — les récompenses et les grades iront leur train; en vérité, Vous êtes singulier! Тамъ хорошо, гдѣ насъ нѣтъ. Quant à Votre retour, — quel déshonneur y s’en suivrait? En tout cas si Enguel est rappellé ici, Vous ferez très bien de revenir avec et servir près de lui et ne pas penser à Danzig ou à Cracovie, où Vous dépenserez ce que Vous recevez, sans être avancé. Quant à moi, personnellement parlant, je serais volontiers cosmopolite, pourvu que je sois sûre de Votre affection; avec plaisir alors je Vous suivrais au bout du monde, si en effet Vous mettez en moi tout Votre bonheur, comme Vous me le dites. Je ne suis pas phrasier, mais quand je dis une chose, cela part du coeur. Si le seul obstacle pour venir me prendre est l’argent, celui qui est chez Licardoff1) est disponible, — il suffirait, je pense, à nous transporter soit à Varsovie ou ailleurs; mais de grâce ne précipitez pas les choses, donnez Vous la peine de mettre un frein à Votre fouque et en attendant amusez Vous à Varsovie, tâchez de faire de bonnes connaissances, — la distraction serait un bon remède, je crois, à Votre coup de marteau, Votre idée fixe du consulat.

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L’aide de camp Ocouneff1) est le propre frère de Софья Александровна; cela n’empêche pas pourtant qu’il ne se moque de tout son coeur, si l’idée vous venait d’avoir recours à lui pour demander sa protection: онъ съ нами почти вовсе незнакомъ, а родня, — седьмая вода на киселѣ, et puis il n’est pas du tout dans le genre de demander quelque chose pour des étrangers et puis ce n’est pas l’affaire de Mr Paskievitch2) que de donner des Consulats, je pense, et puis c’est une chose impossible que de s’adresser à Ocouneff: cela serait par un peu trop ridicule et sans effet. Adieu, mon bon ami, en vérité je ne sais comment Vous écrire: par Dourasoff ou par poste. Je vais demander avis aux Lermantoff.

À propos: je n’ai pas reçu l’argent du papier. En tout je n’ai que 600 roubles envoyés de Pultusk jusqu’à présent; ce n’est pas question du reste. Cette lettre ne sera envoyée que dans 2 ou 3 jours. Naoumoff vous salue; sa femme accouche; c’est une bonne raison pour moi de ne pas aller de si tôt chez elle; on ne me reçoit pas de paquets pour Varsovie, voilà pourquoi je n’envoies pas des souliers ou rien d’autre pour Vous, mon cher ami; je voulais Vous envoyer du thé et du tabac, mais Dieu sait, quand en recevrez-Vous.

Помѣта Н. И. Павлищева: 14/26 Novembre 1831.

Сноски

Сноски к стр. 102

3) Вѣроятно, — Сенявинъ. Л. П.

Сноски к стр. 103

1) T. e., Лихардовъ.

Сноски к стр. 104

1) Николай Александровичъ Окуневъ, адъютантъ Паскевича, впослѣдствіи попечитель Варшавскаго Учебнаго Округа.

2) Генералъ-фельдмаршалъ князь И. Ѳ. Варшавскій графъ Паскевичъ-Эриванскій.