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[Конецъ сентября 1831 г. Петербургъ].

Enfin j’ai reçu une lettre de Vous, mon bon ami. Depuis que Vous Vous êtes mis en tête que Dourassoff s’est établi à Novgorod, notre correspondance va plus mal que jamais. Dourassoff n’a été que 8 jours absent, je Vous l’ai dit; Vous avez reçu cette lettre, où je Vous le disais, Vous m’y avez répondu — j’ai trop bonne mémoire pour l’oublier. — Quant à l’argent, — pas plus d’argent que de Jésus sur la terre, comme dit Lermantoff. J’ai conscience en vérité de ce que Vous lui avez donné cette peine pour rien. Ou Vous n’avez pas envoyé le papier, ou il se trouve égaré — chose tout à fait singulière. Envoyez moi donc un autre papier à mon nom à moi, concevez-Vous? Si je ne puis aller au Commissariat, je trouverai toujours quelqu’un qui le fera pour moi; je manque absolument de toilette, je dois jusqu’au cou, je n’ai pu faire même une provision de bois; j’achète par sajènes à 10 roubles, et le prix augmente; le mois prochain je dois renouveller le contrat ou m’arranger de quelque autre façon avec le maître de la maison, et il faudra le payer: je lui dois depuis avril. Aujourd’hui j’essayerai de vendre le reste de Vos exemplaires, — personne ne m’offre plus de 50 сор. le livre, et j’y consens: il n’y a rien à

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faire. J’envoie redemander le reste à Slënine, Glasounoff etc. Ces Messieurs n’ont pu vendre que 3 exemplaires en tout.

Mon père1) se trouve dans de très mauvais draps: il risque de voir son bien vendu à l’encan, et avec cela il va louer une maison ici. Il doit 175000 à la couronne et ne peut payer les intérêts. Ma mère2) a passé 3 jours chez moi, et ils vont venir tous les deux encore pour chercher un logement — la tête m’en tourne tout à fait. Chose que je n’ai jamais sentie encore — c’est de dépenser l’argent d’autrui; je fus réduite à cela pour ne pas demander. J’ai dépensé 80 roubles d’Adèle Galafeeff, qui me les a envoyés pour lui acheter des laines, dans l’espoir toujours de recevoir les 600 d’abord et ensuite les 500 que je ne verrai pas plus que mes oreilles, à ce que je vois. Sur ce bonjour. Je suis trop tracassée pour Vous écrire une lettre plus longue et plus aimable. — Viendrez-Vous ou non cet hiver? Un de ces matins j’adresserai une épître à Monsieur Boulgakoff lui-même. Je ne sais, si Alexandre3) lui a parlé.

Adieu, tâchez de savoir où est Léon4), s’il se porte bien, au nom de Dieu! Pas de nouvelles de lui depuis Juin.

Помѣта Н. И. Павлищева: 17/29 8 — bre 1831. Varsovie.

Сноски

Сноски к стр. 92

1) Сергѣй Львовичъ Пушкинъ.

2) Надежда Осиповна Пушкина.

3) А. С. Пушкинъ.

4) Л. С. Пушкинъ.