78
Pétersbourg, le 4 d’Août [1831].
Дурасовъ à son arrivée de Novgorod m’a envoyé un gros paquet de Vous, mon bon ami, — Vos 3 lettres pour
79
moi, un pour M-r Alekseeff1) et 2 pour Votre mère2). Je viens d’écrire à celle-ci, en y insérant Vos deux lettres; je m’imagine sa joie, si Vous ne lui avez plus écrit depuis. Quant à moi je n’ai pas à me plaindre do Votre paresse, Dieu merci, mais Votre incertitude au sujet de Votre retour m’étonne et me tracasse; il faut me dire tout simplement, si Vous venez ou non cet automne; en cas que la guerre finisse, cela dépendra de Vous tout à fait, et c’est au mois de Septembre qu’ordinairement on obtient des congés, ne serait-ce que pour 28 jours. Ne me faites donc pas de surprise, et prévenez moi là-dessus, car je dois d’avance me décider au sujet du logement; si mes parens iront à Moscou, — je m’y embarque avec, sinon — je déménage chez eux, en me débarassant des meubles. C’est assez singulier — il n’y a rien à dire, qu’ayant un frère3) marié et des parens dans la même ville, je fais ménage toute seule à part. En attendant je m’amuse assez; si ce n’était ma mésavanture à Pavlovsky, qui occasionna l’emprisonnement de mes Parens pour 14 jours, il n’y aurait pas un jour que je n’ai passé le plus agréablement du monde. Qui Vous a dit que je craignais la maladie? — je ne l’ai pas craint une minute seulement, en dépit des morts et des mourants, que j’étais à même de voir; la mortalité a été bien grande ici, il n’y a rien à dire; pas une maison n’échappa à la contagion, et dans celle que j’occupe il y eut un mort et un malade. C’est M-r Rost qui est mort; comme il n’avait personne des siens, ses gens se sont adressés à moi, et m’ont apporté des paperasses à débrouiller de différente espèce, — entre autre de très intéressantes en français. Au reste je suis très peu ici: je passe la plus grande partie de mon tems aux îles, à
80
la Черная Рѣчка surtout. Hier J’ai été chez les Talizine à Krestovsky, où la promenade a recommencée, il y avait une foule terrible, tout comme s’il n’était jamais question de mortalité, et musique des chevaliers-gardes, et feu d’artifice; j’y suis restée jusqu’à minuit. J’ai passé 5 jours à la Черная Рѣчка, 4 à Krestovsky, deux chez les Fourmann et depuis j’y reviens presque tous les jours. j’ai renoué connaissance avec la mère Yasicoff1), où j’ai dîné; sa fille2) a été chez moi ce matin, — elle est plus heureuse que moi: le comte3) revient un de ces jours. À propos de comte: je vois assez souvent la comtesse Meline, qui ne tarit pas sur l’éloge de son mari, ainsi que son amie M-d Hoven; cela m’a fait penser à Vous, et J’en riai au fond de mon coeur. Adieu, mon cher, de grâce revenez, au moins ne serait-ce que pour me dire que Vous voulez rester en Pologne. — Марковъ все боленъ, присылалъ ко мнѣ на дняхъ, не выходитъ изъ комнаты и лечится. Кушелева твоя провела мѣсяцъ въ Таицахъ, вчера возвратилась, а сегодня была у меня. Мужъ къ нещастью живъ: дѣло оставалось за холерой. Завтра я отправляюсь на свиданья вь карантинъ — понимается съ дражайшими4); мы говоримъ за веревками на разстояніи въ сажень, и потомъ разъѣзжаемся, — они въ Царское, я сюда. Комедья надѣюсь скоро прекратится. Болезнь совершенно почти изчезла и снимутъ дурацкій карантинъ. Къ Лермантовымъ все не пускаютъ и щипцами записки берутъ, глупо, мочи нѣтъ; сказано и доказано, что болезнь не заразительна, и порядочные люди ее вовсѣ не боятся и принимаютъ всѣхъ.
Adieu encore une fois, mon cher ami, portez Vous bien
81
amusez Vous, mais ne m’oubliez pas! ..... volez au temple de mémoire, soyez heureux, c’est à dire revenez un beau jour en automne, de grâce, — autrement je m’embarque avec M-ds Enguel et Fourmann pour Vous réjoindre. — Ces dames partent par le premier traînage. Adieu. Jeannot1) est mort du choléra; figurez-Vous: il en a eu tous les symptômes.
Ma belle soeur2) vient de me donner une charmante nouvelle: elle a entendu de son frère que vous vous êtes brouillé avec M-r Enguel (brouillé! c’est impossible) et que Vous revenez ici disgracié, — c’est à dire sans place au moins, car celle que Vous occupez on la propose à M-r Gontcharoff. J’espère que ce sont des contes. Elle est étourdie, et son frère est sourd, c’est ce qui me console. Non, cela ne peut être vrai! Si Vous n’êtes plus auprès de M-r Enguel, sûrement Vous êtes fait Consul ou Vice-Gouverneur, ou Частный Приставъ, ou Соляной Приставъ. Brouillé avec Enguel!!... Въ добавокъ говорятъ, что тебѣ одному не ужиться съ такимъ начальникомъ.
Помѣта Н. И. Павлищева: 12/24 Janvier 1832.
Сноски к стр. 79
1) Г. Алексѣевъ — зять Н. И. Павлищева, женатый на Александрѣ Ивановнѣ Павлищевой. Л. П.
2) Мать Н. И. Павлищева Луиза Матвѣевна, рожденная фонъ-Зейдфельдъ; скончалась въ 1846 году. Л. П.
3) А. С. Пушкинъ.
Сноски к стр. 80
1) Александра Васильевна, рожденная графиня Мантейфель.
2) Дочь ея Александра Петровна, была замужемъ за графомъ Ивеличемъ.
3) Графъ Ивеличъ.
4) Такъ Александръ Сергѣевичъ и Ольга Сергѣевна называли своихъ родителей, когда о нихъ говорили по-русски. Л. П.
Сноски к стр. 81
1) Собачка Ольги Сергѣевны. Л. П.
2) Наталья Николаевна Пушкина.