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29 Octobre [1834]. Михайловское1).

Chère Olinka. Nous venons de recevoir la lettre du 1r octobre; elle est restée quelques jours chez le Maître de poste de Новоржѣвъ. Nous en avons eu en même tems une de Léon2). Il est à Харьковъ et compte y rester encore une quinzaine de jours; de là il vouloit faire le tour de la Crimée et voir le Pont-Euxin, mais il dit qu’il renonce à ce projet .... heureusement! Il ne se doute pas, combien tous ces voyages en pure perte me font de la peine. Ce que tu dis des nouvelles du С. Ивеличъ3) est très vrai, et les bruits que l’on fait continuellement courir sur le compte d’Alexandre4) me font mal au coeur. Sais tu que

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quand Natalie a fait une fausse couche on a dit que c’était à la suite des coups qu’il lui. avait donné! Enfin que de jeunes femmes vont voir leurs parents, passer 2 au 3 mois à la campagne! Est ce qu’on y trouve à redire? Mais quant à lui et à Léon on ne leur passe rien. Qu’est ce que c’est que ce tuyau, avec lequel vos médecins sondent les femmes grosses? C’est digne de Molière! Apparement que de son tems ce moyen n’existait pas. A présent tuyau ou non, nous attendrons de tes nouvelles à toi, j’espère que tu ne feras pas comme Madame B.... (?), mais que la volonté de Dieu soit faite, pourvu que tu te portes bien. Ecris nous, chère Olinka, tu ne peux pas, ou plutôt tu peux t’imaginer combien tes lettres me font plaisir. D’abord elles sont de toi, et puis elles sont très bien écrites et je me plais à les lire.

Alexandre1) ne nous écrit pas du tout. J’ignore où il est, ce qu’il fait. Ce silence n’est pas excusable sous aucun rapport. Je dépend en quelque façon de lui, et il me laisse depuis plus de 2 mois dans une ignorance absolue de mon sort. Adieu, bonne et chère amie. Je t’embrasse de tout mon coeur, de toute mon âme. Que je suis fâché que Molière n’existe pas de notre tems! Vous seriez les meilleurs amis du monde, et tu lui donnerais des leçons de sarcasmes contre la faculté!

Приписка Надежды Осиповны: Après bien d’inquiétudes du retard de la poste voilà, grâce à Dieu, deux lettres que nous venons de recevoir à l’instant: l’une de toi, chère Olga, l’autre de Léon, datée du 16 Septembre. A l’heure qu’il est tu dois dejà être en couche et bientôt j’espère avoir cette bonne nouvelle! Le maître de Poste de Pskow se trouve aujourd’hui chez Праск. Алекс.2); il part dans quelques heures d’ici, et c’est avec lui que je m’empresse

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d’expédier ma lettre, espérant qu’elle te parviendra plus tôt; hier c’était la fête de Madame Osipoff; nous étions 18 à table, Euphrosine et son mari, Alexandrine avec les siens, les Glaoubitch, les Chelgounoff1); Madame Plessovsky, cousine de Madame Harlinsky, et tant d’autres personnes peu intéressantes. J’étais très maussade et distraite, n’ayant qu’une seule idée, enfin j’étais à Varsovie auprès de toi, chère et bonne amie.

Le silence d’Alexandre me donne aussi de l’inquiétude, j’ignore ce que nous ferons cet hiver, quand nous pourrons quitter Михайловское; je t’avoue que je ne suis pas pressée de courir à Petersbourg; c’est la maudite poste de Pskow se...... (вырвано) qui me fait penser à celle de la Capitale...... (вырвано), l’envie de correspondre de là. Tes lettres font ma consolation, ton attachement — le bonheur de ma vie. Adieu, il est temps d’envoyer à Тригорское. Je t’embrasse et te bénis du fond de mon coeur.

Ha оборотѣ адресъ, написанный рукою Сергѣя Львовича: Его Высокоблагородію Николаю Ивановичу Павлищеву. Въ Варшавѣ. Помощнику Статсъ-Секретаря въ Государственномъ Совѣтѣ. Д. Д. Ольгѣ Сергѣевнѣ Павлищевой. Почтовый штемпель: Ноя. 3, 1834, Островъ; Zalesie, 27/11.

Сноски

Сноски к стр. 17

1) Отъ Сергѣя Львовича.

2) Левъ Сергѣевичъ Пушкинъ.

3) Графъ К. Ивеличъ, схваченный черкесами, погибъ мучительной смертью: они подвергли его ужаснымъ истязаніямъ; по словамъ Льва Сергѣевича и Ольги Сергѣевны, съ него содрали кожу, когда онъ еще дышалъ. Л. Павлищевъ.

4) Александръ Сергѣевичъ.

Сноски к стр. 18

1) А. С. Пушкинъ.

2) Осипова.

Сноски к стр. 19

1) Глаубичи — сосѣди Пушкиныхъ по Михайловскому; Шелгуновы — тоже.