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Ce 27 Avril [1837 г. Варшава].

Cette fois-ci la poste a tardé de huit jours grâce au débâcle des rivières, aux mauvaises routes, et si ma dernière lettre n’est pas arrivée le jour que Vous l’attendiez, je crains bien, que Vous n’en ayez été inquiet. Quant au silence de Léon2), je Vous le répéterai encore une fois: il

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n’a rien de surnaturel, et puis toujours c’était la même histoire! Quand est-ce qu’il écrivait plus souvent, et maintenant, qu’il y a tant de raisons pour l’expliquer, ce silence; en vérité, Vous auriez tort de Vous en inquiéter, comme Vous le faites, mon cher Papa.

J’étais sûre, que Vous feriez Vos dévotions la semaine Sainte; quant à moi, je n’ai pas eu ce bonheur: j’avais essayé d’aller à la messe et je n’ai pu rester jusqu’à la fin, — je me trouvais mal. Le jeudi je suis allée encore une fois dans une chapelle de l’hôpital tout près de chez nous, mais quoique il n’y avait presque personne, qu’il ne faisait pas chaud, je fus obligée de revenir à la maison. La semaine de Pâques le temps fut affreux, et je trouvais une certaine consolation d’avoir un prétexte de ne pas bouger de la maison, de ne voir personne, de n’être pas obligée de quitter le deuil. D’ailleurs Lolo était tombé malade; heureusement que je savais, que ce n’était qu’un refroidissement..........1).

Vous me parlez des Wichnevsky2), mon cher Papa: je suis charmée que Vous les voyez souvent, étant sûre, comme je le suis, de leur amitié pour nous. De grâce veuillez présenter mes respects à Софья Михайловна et dites mille choses aux demoiselles de ma part, entre autre que j’ai assez souvent des nouvelles de leur soeur Lise3) par les lettres de mon beau-frère4); aujourd’hui même nous avons reçu; sa femme vient d’accoucher d’un fils, et moi dans quelques jours je m’attends d’avoir une fille, puisque tout

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le monde me le pronostique, et je commence à attendre le moment avec impatience: mon état me pèse déjà par trop. On m’a ordonné — c’est à dire ma sage-femme (vu que je n’en consulte aucun accoucheur et dont Dieu me garde) — des bains d’eau tiède. Je vais en prendre tous les jours; mais figurez Vous mon étonnement: aujourd’hui, au moment d’y arriver, un полицейской m’arrête pour me dire, qu’on n’y allait plus en voiture, la rivière ayant débordé et occasionné une inondation; mais comme il y avait moyen encore d’y aller à pied tout près des murs des maisons, je m’y résolvais; c’était à 8 heures du matin; au bout d’une demi-heure l’eau avait augmenté si fort, qu’on avait amené un bateau pour traverser la rue. Pas d’autre moyen, que faire? — je me décidais à y entrer. Heureusement un jeune homme, qui le dirigeait, était très adroit, et pour me débarquer il fut obligé de me prendre sur ses bras. J’avais de compagnes de voyage, mais pas une seule dans mon état. Dieu merci, ce passa sans accident. Prague1) a été et se trouve même à présent entièrement inondée: beaucoup de personnes y ont péri, des maisons en bois, — il est vrai des masures, — ont été emportées, en un mot c’est un petit tableau de l’inondation de Pétersbourg.....

Vous ai-je écrit que M-r Enguel2), qui vient de mourir, a laissé tout son bien à M-r Fourmann3) — 2,500 paysans, deux mille arpens de terre en Crimée et 700 paysans à la petite Fourmann.

Сноски

Сноски к стр. 111

2) Л. С. Пушкинъ.

Сноски к стр. 112

1) Тутъ выпущено то, что Ольга Сергѣвна пишетъ подробно обо мнѣ Л. Павлищевъ.

2) Вѣроятно, Гавріилъ Ивановичъ Вишневскій † 1850 („Моск. Некрополь“, т. I).

3) Елизавета Гавриловна Вишневская † 1886 (тамъ же).

4) Павелъ Ивановичъ Павлищевъ (р. 1795 † 1863), впослѣдствіи генералъ-лейтенантъ; былъ женатъ на Аннѣ Федоровнѣ Офросимовой († 10-го февраля 1897 г. въ г. Орлѣ).

Сноски к стр. 113

1) Предмѣстье Варшавы.

2) Предсѣдатель временнаго управленія Царства Польскаго д. т. с. членъ Государственнаго Совѣта Ѳедоръ Ивановичъ Энгель † въ С.-Пб. 9-го марта 1837.

3) Романъ Ѳедоровичъ Фурманъ (род. 1734 † 1851), съ 1832 г. — Предсѣдательствовавшій въ Коммиссіи Финансовъ и Казначейства въ Царствѣ Польскомъ, впослѣдствіи сенаторъ.