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Le 3 Décembre [1836 г. Варшава].

Je n’ai presque pas le temps de Vous écrire, cher Papa, j’en fus empêchée hier, j’en fus empêchée aujourd’hui contre mon attente. Vous ne m’en voudrez pas de ce que ma lettre sera courte et je ne voudrais pas laisser passer cette poste: je crains de Vous donner des inquiétudes par mon silence. De grâce, n’en ayez aucune sur ma santé, ni sur celle de Lolo. Grâce à Dieu, nous nous portons tous bien, et les malaises que j’éprouve en mon état ne doivent pas Vous alarmer. Je suis fâchée de Vous en avoir parlé l’autre jour et puis je commence à espérer que cela va cesser. Ils ne sont plus aussi fréquens. J’ai reçu deux lettres encore de Vous, elles ont été 14 jours en route; si la mienne a mis moins de

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temps, c’est qu’elle a passée par Pétersbourg le jour de l’extra-poste. J’enverrai celle-ci de même.

La nouvelle que Vous me donnez du mariage de Serge Gontcharoff1) m’a beaucoup étonnée, j’en suis fâchée pour lui et pour sa femme, mais je croyais jusqu’à présent qu’il avait plus que 20 ans, qu’il avait de la fortune. Je ne sais, si M-lle Schenk n’aurait pas mieux fait de rester gouvernante toute sa vie. Je crains fort, qu’elle en vienne à regretter son premier état.

Vous me dites que Vous ne savez pas, où se trouve Léon2); sûrement il Vous a écrit, mon cher Papa; la poste de Tiflis n’est pas encore aussi bien organisée, que les lettres ne puissent pas s’égarer. Dans sa lettre à nous — une petite, petite lettre d’affaire, écrite fort à la hâte, il nous dit qu’il est rentré au service, sans nous dire comment et où. Je le crois encore à Tiflis. Quant à Alexandre3), il n’écrit rien, il ne répond pas à une lettre assez pressante de mon mari. Je crois qu’il est très occupé de son Соврѣменникъ, dont le dernier volume est plus intéressant que les autres. Je crois que cela ira.

Que fait Alicha4)? J’espère qu’elle est remise de son indisposition; je lui écrirai sans attendre sa lettre. Mes nausées me donnent maintenant de relache. Je Vous ai écrit dernièrement que j’attendais M-me Lang; elle n’est pas encore venue, et le temps presse. Nicanor5) a encore écrit au sujet des ses affaires, mais elles ne sauraient prendre une périlleuse tournure, si elle tarde encore, malgré qu’elle soit

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protégée par la fille de la Grande Duchesse Marie. Nous avons le printemps, mais une boue horrible; j’aimerais mieux une bonne neige de Russie. Adieu, mon cher Papa, je crains de tarder à la poste. Mes respectueux hommages à ma Tante et à mon Oncle, j’embrasse mes cousines1). Lolo2) se porte bien, il parle presque tout et devient très gentil, mais il enlaidit; figurez Vous que de blond qu’il était il est presque tout aussi brun, et ressemble beaucoup au portrait d’Alexandre du Кавказкій Плѣнникъ, que nous avons chez nous. A propos de portrait: j’ai fait un larcin à Михайловское: j’ai emporté le Vôtre, en laissant toutefois le cadre sur le mur....

Сноски

Сноски к стр. 90

1) Сергѣй Николаевичъ Гончаровъ, шуринъ Александра Сергѣевича Пушкина. Л. Павлищевъ. Онъ женился на баронессѣ Александрѣ Ивановнѣ фонъ-Шенкъ, † 26-го іюля 1848 года („Московскій Некрополь“, т. I); это его первая жена. Б. М.

2) Л. С. Пушкинъ.

3) А. С. Пушкинъ.

4) О. М. Сонцева.

5) Чирковъ.

Сноски к стр. 91

1) Сонцевы.

2) Л. Н. Павлищевъ.