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[2/15-го ноября 1836 г. Варшава].

C’est la troisième lettre, que je Vous écris d’ici, mon cher Papa, et depuis ma dernière j’ai eu encore une consolation d’avoir de Vos nouvelles: une lettre, envoyée à l’adresse de Vrevsky, dans laquelle Vous avez inséré celle d’Alicha1) pour moi, m’est aussi parvenue, accompagnée d’une boîte, contenant les présens de M-me Galaféef. Encore une fois, cher Papa, je me mets à Vos genoux et Vous baise un million de fois les mains, — comment ne sentirai-je pas tout le prix d’un bienfait, qui assure en même temps le bien-être de mes enfants! Je Vous ai fait part dernièrement de mon état; il ne

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serait pas supportable, si je n’étais sûre d’en voir arriver le terme dans six mois — des nausées continuelles, des maux de tête violents; je ne respire que lorsque je fais du mouvement à l’air et malheureusement je me fatigue facilement et, rentrée á la maison, je ne puis m’occuper de rien, souvent pas même de lecture. La sage-femme, que j’ai consultée, prétend que cela ne durera que la première moitié. Je crois que c’est pour me consoler qu’elle le dit: je me souviens d’une grossesse aussi pénible de Maman, 9 mois durant, quand elle ne mangeait que du poisson et qu’elle gardait toujours sa chambre à coucher. Pourtant j’ai pris sur moi de faire quelques visites, c’était inévitable. Je fus même obligée de renouveller une ancienne connaissance — celle de M-me Abramovitch1), ex-Castelas, ex-Méran, mon mari ayant été chez elle plusieurs fois pendant mon séjour à Pétersbourg. Elle est venue d’abord chez moi et pour mon malheur ne m’ayant pas trouvée à la maison, elle n’a pas l’idée de mes souffrances. Je suis allée chez elle, elle demeure au bout du monde, je ne l’ai pas trouvée à mon tour et je devrai y retourner encore. On dit, qu’elle est très aimable, mais pour le moment je ne trouve personne aimable avec mes nausées. J’ai vu Madame Ocouneff2); j’ai été chez elle, elle est malade; son mari a fait encore paraître un ouvrage scientifique militaire3), — il est insoutenable avec ses phrases confluentes et sa haute opinion de lui-même; sa femme, si bonne et si simple, a un million de fois plus d’esprit que lui.

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Vous me donnez des nouvelles du mariage de M-lle Gontcharoff1), et moi je Vous en donnerai celles de sa cousine M-lle Galinsky; rappelez-Vous la ci-devant promise de M-r Pogodine2), dont je Vous ai parlé, — courant l’Europe toute seule en aventurière, revenant de Paris sous un nom supposé, accompagnée d’un jeune marquis français et en se moquant pas mal du monde, et surtout de son vieux Pogodine, qui l’accablait d’argent et de présens? Elle est maintenant en passant ici, mariée — à qui croyez-Vous — au fameux Loewe-Weimar3)! On prétend, qu’elle est sotte; moi, je lui crois beaucoup d’esprit; elle a 34 ans, elle n’est pas belle; ayant été promise trois fois dans sa vie, se marier à Weimar — en vérité ce n’est pas sot! Je Vous dirai encore une nouvelle: Madame Lang va venir ici pour affaire. Nicanor Tchircoff4) a écrit à mon mari une lettre au sujet des affaires qui l’amènent; elle est menacée de perdre toutes ses propriétés; elle demandait un délai, elle en a obtenu un de six semaines encore, le Maréchal5) a dit, si toutefois cela ne serait pas contre les lois. Elle m’a fait dire par Nicanor, qu’elle sera bien contente de me revoir, et moi je ne serai pas moins curieuse de voir une personne après 25 ans d’absence, — jadis si brillante et si jolie, maintenant toute vieille, je suppose. Elle a perdu depuis peu sa fille Albrecht, Marianne; son autre fille n’est pas mariée, elles sont à

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Berlin encore. Je ne puis Vous donner aucune nouvelle de mes connaissances de Pétersbourg, cher Papa. Je n’ai écrit encore à personne, je n’ai pas répondu aux lettres, que j’ai reçues de là au commencement de mon arrivée. Alexandre1) n’écrit pas, mais nous avons reçu une lettre de Léon2), une toute petite lettre laconique d’ancienne date. Il dit, qu’il est enfin au service.

Adieu, mon cher Papa, je Vous baise un million fois les mains, dites à Alicha3), que j’ai reçu sa lettre du 8 de Septembre; qu’elle ne m’en veuille pas de ce que je lui écris si rarement. Pour le moment je ne suis pas en état de le faire. Mes respects à ma Tante et à mon Oncle. J’embrasse Катинька4).

Сноски

Сноски к стр. 86

1) О. М. Сонцева.

Сноски к стр. 87

1) Супруга тогдашняго варшавскаго оберъ-полиціймейстера, генерала Абрамовича. Л. Павлищевъ.

2) Жена генералъ-маіора и попечителя Варшавскаго Учебнаго Округа Николая Александровича Окунева (род. 1788 † 1850).

3) „Mémoires sur le changement que l'artillerie bien instruite peut produire dans le système de la grande tactique moderne“, Paris. 1836.

Сноски к стр. 88

1) Екатерина Николаевна Гончарова, сестра Натальи Николаевны Пушкиной, была обвѣнчана съ Георгомъ Дантесомъ-Гекереномъ 10-го января 1837 г.

2) Василій Васильевичъ Погодинъ (род. 1790 † 1863), генералъ-интендантъ дѣйствующей арміи.

3) Баронъ Франсуа-Адольфъ Лёве-Веймаръ (р. 1801 † 1854), извѣстный французскій писатель-критикъ; женился онъ, 11-го октября 1836 г., въ Москвѣ, на Ольгѣ Викентьевнѣ Голынской; см. о нихъ „Остаф. Архивъ“, т. III, стр. 713—715. Б. М.

4) Никаноръ Николаевичъ Чирковъ — братъ жены партизана поэта Дениса Васильевича Давыдова.

5) Паскевичъ.

Сноски к стр. 89

1) А. С. Пушкинъ.

2) Левъ Сергѣевичъ Пушкинъ.

3) О. М. Сонцева.

4) Екатерина Матвѣевна Сонцева † 4-го мая 1864 г. („Московскій Некрополь“, т. III).