83

[22-го октября 1836 г. Варшава].

Vos deux lettres me sont parvenues à la fois, mon cher Papa, le baron Vrevsky4) vient de nous les envoyer. Je voudrais Vous exprimer ce que j’éprouve, mais mon coeur est trop plein; ai-je mérité ce que Vous venez de faire pour moi? Vous assurez le sort de mes enfants, ils vous devront leur bien-être, leur indépendance, une éducation comme je le désirerais, ah! croyez-moi, je sens

84

toute l’étendue de Votre bonté; dans l’état actuel de Vos affaires, dans la position où Vous Vous trouvez, agir pour ma tranquillité à moi, — c’est ce que je ne saurais toute ma vie assez aprécier, assez reconnaître, à moins d’être un monstre d’ingratitude.

J’espère, mon cher Papa, que Vous avez reçu mes lettres l’une d’Ostroff et la dernière d’ici, écrite à notre arrivée. Je Vous ai dit comment tout s’était arrangé, mais si ce n’était Kiriakoff1), si nous avions encore retardé notre départ, il n’y a point de doute, — mon mari perdait sa place. Grâce au Ciel, mes craintes sont dissipées; au contraire, je commence à former mille projets; je m’arrête surtout à celui de venir nous établir à Moscou, si le bon Dieu nous conserve tous, car au bout de 3 ans mon mari pourra quitter le service avec le rang de Conseiller d’Etat actuel et une pension viagère de 1800, mais avant ce temps j’espère pouvoir Vous aller voir. On parle d’abolir l’année prochaine la douane, d’établir une diligence d’ici, — c’est sûr, dit-on. Avec quelle impatience je l’attendrai et avec quel bonheur je l’apprendrai! A présent je Vous parlerai de Lolo2). Il commence à parler russe et français, il a une mémoire, qui fait l’admiration de tout le monde, et une oreille musicale vraiment extraordinaire, mais il est très capricicux et volontaire; je le lui passe souvent, parce qu’il n’a pas encore toutes ses dents, cependant il m’est arrivé de lui donner la verge au grand scandale de mon mari, qui me l’a arrachée. Lolo ne peut l’oublier et raconte à tout le monde, comment Maman a voulu le fouetter et comment Papa a pris son parti, aussi aime-t-il mieux son père que moi. Je Vous ai parlé de mes enfants au commencement de ma

85

lettre, c’est que je n’ai plus de doutes sur mon état; ma grossesse est pénible des nausées continuelles, mais comme cela ne saurait durer, je le supporte avec assez de patience. On me pronostique une fille, cela me contrarie1). Depuis mon arrivée je n’ai été presque chez personne. Un matin je suis allée chez la Princesse2), mais je suis bien tombée: elle venait de se faire soigner et ne m’a pas reçue. Depuis elle a demandé de mes nouvelles à M-r Anitchkoff3), elle s’est beaucoup intéressée à moi, à ce qu’il dit.

Je Vous ai écrit, mon cher Papa, que Léon4) est rentré au service; c’est une nouvelle, que j’ai apprise ici, vous devez le savoir déjà sûrement. Vous écrit-il? Quant à Alexandre5), il ne nous donne pas signe de vie. On l’attendait à la campagne le 5 d’Oct.; il n’y était pas encore.

Je sais, mon cher Papa, que Vous êtes dédit de la 7-me part en ma faveur, c’est grâce à Vous, dans le courant de la prochaine année nous pourrons être quittes de nos dettes.

Adieu, mon cher Papa, portez-Vous bien. Je baise vos mains et vous embrasse bien tendrement. Mes respects à ma Tante, à mon Oncle, mille choses à mes cousines6). Je vais écrire un peu à Alicha. Je n’ai pas encore écrit à Pétersbourg à personne. Je dois une lettre à M-me Timoféef, je lui ai promis d’écrire. Avez-Vous de ses nouvelles, des Venevitinoff7) aussi?

86

Приписка Н. И. Павлищева.

Варшава, 4 ноября/22 октября 1836.

Любезнѣйшій батюшка, я не нахожу словъ для изъявленія признательности моей за намѣреніе ваше обезпечить будущность Ольги. Если я первый повелъ объ этомъ рѣчь, то припишите это крайности, которая заставила меня говорить: Осипова, Вревскіе могутъ быть свидѣтелями отчаяннаго положенія, въ которое поставило меня извѣстіе, сообщенное изъ Варшавы. Я ѣхалъ сюда съ просьбою въ карманѣ объ отставкѣ, на случай какихъ-нибудь крупныхъ объясненій. Вотъ почему выраженія мои могли быть сильны. Къ счастію моему, все кончилось смирно, почти безъ упрековъ, и я вступилъ по прежнему въ исправленіе моей должности.

Вѣрьте чувствамъ истинной преданности моей.

Н. Павлищевъ.

Сноски

Сноски к стр. 83

4) Баронъ Борисъ Александровичъ Вревскій.

Сноски к стр. 84

1) См. выше, стр. 80.

2) Мнѣ было тогда два года. Л. Павлищевъ.

Сноски к стр. 85

1) Предсказанія сбылись: 23-го мая 1837 года родилась моя покойная сестра Надежда Николаевна, вышедшая въ 1864 году за профессора Пане, извѣстнаго въ Италіи своими музыкальными произведеніями; скончалась она 11-го февраля 1909 г. въ Петербургѣ. Л. Павлищевъ.

2) Паскевичъ, жена фельдмаршала, рожд. Грибоѣдова.

3) См. выше, стр. 82.

4) Левъ Сергѣевичъ Пушкинъ.

5) А. С. Пушкинъ.

6) Сонцевы.

7) См. „Пушк. и его соврем.“, вып. VIII и XI.