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Varsovie, 26 Sept. [1836 г.].

Ce n’est que depuis avant hier que nous sommes ici, mon cher Papa. Le manque de chevaux et le mauvais temps ont retardé notre arrivée, mais, Dieu merci, nous avons terminé notre voyage sans accidents. Ma santé n’en a pas souffert, ni celle de Lolo6), qui est plus gai que jamais. Et puis le Maréhcal7) a été très bien disposé, si bien que personne, non seulement mon mari, ne s’attendait de l’accueil qu’il lui fit. „Что это значитъ, что вы такъ долго не являлись? Мѣсяцовъ восемь!!! Дѣлъ много, прошу заниматься“. Voilà tout. Ceux, qui ont été présents, ont félicité de bon coeur mon mari, car

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on savait, comme il lui en voulait. Vous ne sauriez croire, de quel poids je fus débarrassée, quand mon mari est revenu de chez lui. Maintenant nous sommes tranquilles, Dieu merci, et n’avons d’autres soucis que d’arranger le logement qu’on nous a loué, et qui est tout à fait de mon goût; un peu trop cher pour nous, il est vrai, mais il n’y en avait pas d’autres, et il a beaucoup de compensations, — au centre de la ville, à côté de la chancellerie, au reste ce n’est que de 20 ducats plus cher que la maison de Карасы (?).

C’est avec bien de l’impatience, mon cher Papa, que j’attends de Vos nouvelles, il y a si longtemps que je n’ai reçu de lettres de Vous! Trois ou quatre des miennes sont restées sans réponse; je l’attribue à la poste de Pskoff. Dernièrement je Vous ai écrit de chez Катерина Исаковна1). J’espère que Vous avez reçu au moins cette lettre. Le temps est beau maintenant. Je Vous suppose encore à la campagne de mon Oncle2). Ici nous avons des jours du mois de Juillet; je ne ferme pas les fenêtres même pour la nuit. Les arbres, dont le feuillage quoique jaune par-ci par-là, ne sont point du tout dégarnis, et Lolo est toute la journée au jardin de Saxe; nous sommes à l’hôtel Guerlakch, que Vous avez habité à ce qu’il me semble, et c’est presque vis-à-vis de notre logement. A propos, Anitchkoff3) m’a dit, que Léon4) est au service, qu’on le lui a dit, que c’était dans les Приказъ. Mon mari s’en informera pour être sûr, et je Vous

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le confirmerai, j’espère, mais Vous le savez déja peut être. Nous n’avons pas eu de lettres d’Alexandre1), qui voulait venir à Михайловское. Si ce n’était Kiriakoff, nous ne saurions que faire. J’étais dans les trances continuelles: le terme fixé était échu, le Maréchal se fâchait contre mon mari au point que tout le monde lui a dit qu’on croyait qu’il perdrait sa place. Je Vous ai écrit ceci, je crois, et ce que le Maréchal lui fit dire par le secrétaire d’Etat; tout est passé, Dieu merci. Adieu, mon cher Papa, qu’Alicha2) ne m’en veuille pas, que je ne lui écris pas encore, je le ferai bientôt; d’ailleurs elle lit mes lettres à Vous, mais elle — qu’elle m’écrive. Où serez-Vous, mon cher Papa, cet hiver? quand est-ce que ma Tante se propose de quitter Коровино3)? Ecrivez-moi à présent, j’attendrai Votre lettre pour savoir, où Vous adresser les miennes. Mon mari vous présente ses respects.....

Lolo Vous baise les deux mains; il se rappelle de Vous très bien. Adieu, mon cher Papa.

Сноски

Сноски к стр. 81

6) Л. Н. Павлищевъ.

7) Паскевичъ.

Сноски к стр. 82

1) См. выше, стр. 79, примѣч. 1-е.

2) Коровино, имѣніе M. M. Сонцева.

3) Владиміръ Ивановичъ Аничковъ, адъютантъ Паскевича, пріятель Льва Сергѣевича Пушкина, брата поэта; впослѣдствіи былъ генералъ-маіоромъ, Варшавскимъ оберъ-полиціймейстеромъ и атаманомъ Забайкальскаго казачьяго войска; род. 6-го августа 1812 † 20-го августа 1863 г., погребенъ въ Сергіевой пустыни, близъ Петербурга. Б. М.

4) Левъ Сергѣевичъ Пушкинъ.

Сноски к стр. 83

1) А. С. Пушкинъ былъ въ это время въ Петербургѣ.

2) Ольга Матвѣевна Сонцева.

3) Имѣніе Сонцевыхъ.