64

Баронъ М. Н. Сердобинъ 4) — С. Л. Пушкину.

27-ro марта 1837 г. С.-Петербургъ.

Je viens de recevoir, respectable Сергѣй Львовичь, Votre lettre du 22 de ce mois et malgré son contenu triste, je Vous avouerai qu’elle m’a fait bien plaisir par le bon souvenir que Vous me gardez et par l’espérance qu’elle m’a donnée que Votre santé physique est assez bonne. Je dois Vous paraître bien coupable d’oubli envers Vous, respectable Сергѣй Львовичь, mais je dois Vous avouer, que j’ai eu plusieurs fois la plume en main pour Vous écrire et que je n’avais pas le courage de renouveller vos chagrins, en Vous reparlant de la funeste catastrophe, qui Vous a ravi un fils et à nous tous notre poëte chéri. Lors de ce malheur mes premières pensées ont été à Vous; je craignais pour Vous ce nouveau coup inattendu et regrettais de n’être point dans la même ville que Vous, pour Vous offrir

65

mes consolations. Pendant le court séjour de ma belle-sœur ici, feu Александръ Сергѣевичь venait nous voir souvent et même a diné et passé toute la journée chez nous la veille de ce malheureux duel: Vous pouvez facilement Vous representer notre étonnement et notre douleur, en apprenant ce malheur. J’ai appris qu’un artiste avait fait son visage en plâtre, après sa mort; si je parviens à en avoir un exemplaire, je Vous le destine, cher Сергѣй Львовичь; Vous me permettrez de Vous l’offrir. Ici tout le monde a regretté sincèrement la mort de notre poëte et cela a du être pour Vous une espèce de consolation de voir l’intérêt gracieux que l’Empereur a pris à son triste état, pendant les derniers momens de sa vie, qu’Il a taché d’adoucir.

J’ai été, aussitôt Votre lettre reçue, chez mon frère 1), qui est arrivé içi il y a quelques jours; voici ce qu’il m’a dit au sujet de Léon. Il l’a vu à Stavropol au mois de Décembre, au moment de son arrivée de Tiflis; il venait de mettre l’uniforme de Capitaine en second à la suite de la cavalerie pour être attaché au régiment des Cosaques de Grébensk. Il sait, que depuis il a participé aux expéditions d’hyver dans la Czeczna et que le Général Fézy 2), qui les commande, à parlé de Léon dans ses rélations en termes très flatteurs. Mon frère a quitté Stavropol le 1-er Mars, sans avoir entendu dire, qu’il lui fut arrivé quelque chose de malheureux; il m’a promis d’écrire pour avoir de ses nouvelles ultérieures et Vous le fera savoir aussitôt. Le silence de Léon provient probablement de ce que, se trouvant dans une expédition au milieu des montagnes, il n’a pas l’occasion d’envoyer sa lettre à la poste.

Quant à ce qui regarde mon voyage à Pskow, je ne peux Vous dire l’époque, à laquelle je l’entreprendrai;

66

d’après mes circonstances, je devrai le faire aussitôt que possible et il se peut que Vous ne me trouviez plus ici lors de Votre arrivée de Moscou. Mais j’espère que j’aurai le plaisir de Vous voir à Goloubowo, où Vous trouverez bien des personnes, qui Vous aiment sincèrement et qui se feront un doux devoir de Vous offrir toutes les consolations, qui seront en leur pouvoir. Je Vous prie de me compter du nombre de ces personnes et de croire à l’attachement et respect sincères, que je Vous porte, cher Сергѣй Львовичь, et avec lesquels je reste

Votre tout dévoué serviteur

M. Serdobin.

    St. Ptbg.
ce 27 Mars 1837.

Сноски

Сноски к стр. 64

4) Упоминавшійся выше баронъ Михаилъ Николаевичъ Сердобинъ; онъ служилъ въ IV Отдѣленіи Собственной Е. И. В. Канцеляріи.

Сноски к стр. 65

1) Баронъ Павелъ Александровичъ Вревскій.

2) Генералъ-маіоръ Карлъ Карловичъ Фези, начальникъ 20-й пѣхотной дивизіи, участвовавшей въ экспедиціи генерала Вельяминова.