58

А. Н. и А. В. Веневитиновы 1) — С. Л. Пушкину.

le 17 Mars 1837. [Петербургъ].

Ne vous méprenez pas sur la cause de mon silence, cher, bien cher cousin; la perte que vous venez de faire m’a été trop sensible, trop douloureuse, — je le dirai à moi, ainsi qu’à tous les miens, — pour être en étât de vous faire selon l’usage des témoignages ou des lettres de condoléance. J’ai prié et je prie encore Dieu de vous soutenir et de vous fortifier, c’est tout ce que je sais faire; l’affliction était générale, comme gloire littéraire de notre pays; pour moi je l’ai pleuré comme votre fils que j’ai presque vu naître, comme contemporain de mon prèmier né Пипинька 2); heureux, bien heureux sont ceux que la foi rend capables d’une véritable

59

résignation, d’une soumission parfaite aux décrets de la providence, qui paraissent accablans pour notre faiblesse, mais dont un jour nous connaitrons toute la miséricorde, car la consolation est au delà de cette terre. — Les derniers moments de votre fils étaient beaux, sa fin a été tout-à-fait chrétienne. M-r Tourguéneff que vous verrez bientôt 1) vous en donnera les détails. Je crains d’avoir encore rouvert votre plaie. Mais comment Vous écrire sans vous parlez de lui. Encore une fois que Dieu vous soutienne et vous fortifie, bien cher Cousin. Mon cœur et mes pensées sont tout occupées de Vous.

Votre dévouée Cousine A. V.

Mes hommages à ma Cousine, à mon Cousin, j’embrasse les chères demoiselles 2).

Приписка А. В. Веневитинова.

Puis-je vous ajouter quelque chose à ces tristes lignes que vous venez de lire? Vous concentrez en vous toute la douleur qu’éprouvent tout ceux qui pleurent cette perte nationale que nous venons de faire. Le malheur est si grand, qu’on ne s’habitue pas à croire qu’il soit consommée. Celui qui l’a senti aussi vivement que la nation, c’est l’Empereur, qui l’a prouvée par tout ce qu’il a fait. Mais vous, le père de cette noble victime, que vous dire pour vous consoler? Ces paroles de consolation manquent à cette terre et le grand mot qui expiera toutes nos douleurs, nous l’apprendrons un jour plus haut. Ma plume tremble en ce moment, parceque mon âme vibre encore comme fraichement au souvenir de ce fatal événement. Cette impression

60

était générale, profonde. Elle a assombri la société et jeté le deuil dans l’âme de ceux qui avaient le bonheur d’être dans son intimité. La postérité recueillera cette douleur et en fera un monument d’éloge et d’admiration, digne de celui dont l’existence à été un phénomène si brillant, mais si rapide pour la Russie. —

Ma sœur et mon beau frère 1) me chargent de les rappeler à votre souvenir. Ils n’ont pas le courage de vous écrire.

Votre très humble et tout dévoué

Alexis Vénévitinoff.

Сноски

Сноски к стр. 58

1) Анна Николаевна Веневитинова (род. 14-го января 1782, ум. 24-го сентября 1841 г.), рожд. княжна Оболенская. М. А. Веневитиновъ утверждаетъ, что родная тетка ея, сестра ея отца, была за-мужемъ за Чичеринымъ, дочь котораго вышла за-мужъ за Льва Александровича Пушкина и, такимъ образомъ, была матерью Сергѣя Львовича („Русск. Арх.“ 1885 г., I, 117—8); но это сообщеніе не подтверждается данными родословій князей Оболенскихъ и Чичериныхъ, и для насъ остается непонятнымъ, почему А. Н. Веневитинова называетъ С. Л. Пушкина „cousin“; можетъ быть только потому, что ея мать была рожденная Мусина-Пушкина; 15-го апрѣля 1798 г. она вышла за-мужъ за гвардіи прапорщика Владиміра Петровича Веневитинова (род. 10-го іюля 1777, ум. 7-го марта 1814 г.) и имѣла отъ него сыновей: Дмитрія Владиміровича — извѣстнаго поэта (род. 1805, ум. 1827 г.) и Алексѣя Владиміровича (род. 2-го декабря 1806, ум. 14-го января 1872 г.), которому и принадлежитъ приписка къ настоящему письму; въ это время онъ, въ чинѣ надв. совѣтника, служилъ въ Министерствѣ Внутреннихъ Дѣлъ, а впослѣдствіи былъ д. тайн. сов., товарищемъ Министра Удѣловъ, сенаторомъ, оберъ-шенкомъ и почетнымъ опекуномъ; въ 1843 г. онъ женился на графинѣ Аполлиніи Михайловнѣ Вьельгорской, дочери графа Михаила Юрьевича, — одного изъ опекуновъ дѣтей А. С. Пушкина.

2) Петръ Владиміровичъ Веневитиновъ, родившійся на 11 /2 мѣсяца ранѣе Пушкина, тоже въ Москвѣ, — 6-го апрѣля 1799 г., умеръ въ с. Животинномъ, Воронежскаго уѣзда, 26-го декабря 1812 г.

Сноски к стр. 59

1) Александръ Ивановичъ Тургеневъ быль въ Москвѣ уже 5-го марта.

2) Семья Сонцовыхъ.

Сноски к стр. 60

1) Графъ Егоръ Евграфовичъ Комаровскій (ум. 1875 г.), женатый на Софіи Владиміровнѣ Веневитиновой (род. 1808, ум. 1877 г.).