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XL.

[Москва, конецъ 1842].

Nous avons été bien affligés en apprenant le désastre de Козловка, ma chère maman. Ираклій venait de partir pour Калуга et ces mauvaises nouvelles devaient le trouver là seul, ajoutant aux ennuis du recrutement. La perte est considérable par elle même et puis c’est décourageant. Annette vient de partir par la première neige pour aller joindre son mari. L’Empereur a passé ici trois jours présentant au public le beau promis de sa fille. Le nom de son père rappelle toute une grande histoire et un autre nom, qui rajeuni, se trouve involontairement dans toutes les bouches, à tel point qu’un personnage émminent a cru de son devoir de prononcer l’arrêt suivant: On a beau dire, c’était un grand homme. Moscou est dans ce moment de la plus profonde insipidité. Il n’y a presque plus de point de réunion. La mort de la vieille Pachkoff nous a privés de la seule maison qui restait hospitalière à l’ancienne mode recevant toute la ville jeunes et vieux, tout ce qu’il у avait de distingué sous quelque rapport que ce fut, sans pour cela exclure les braves gens qui aiment à se mettre à une table de Visk. A présent la ville est partagée en petits cercles, ou plutôt on se fait mutuellement des visites isolées qui ne vous procurent que de la fatigue et le sublime sentiment d’un devoir accompli. Nous avons beaucoup de soucis par rapport aux étrangers et étrangères dont il faut se pourvoir pour les enfans. Voila a peu près trois mois que Nastinka se donne toutes les peines et notre maison n’est pas encore au complet. Nous n’avons pas encore d’Anglaise. Les enfants se portent bien, Dieu merci et vous baisent les mains ma chère maman ainsi que mai. Je félicite ma chère tante de son jour de fête.

Далѣе — рукою Н. Л. Боратынской:

Je ne saurait vous exprimer assez ma reconnoissance ma bien chere Maman de tout ce que vous avez la bonté de dire sur nous dans votre lettre à Natalie. C’est une preuve si évidente de votre bienveillance maternelle et de votre tendresse que j’en suis profondément touchée. C’est un de nos doux rêves avec Eugène et les enfans que de venir passer un été à Mara auprès de vous, et nous appellons de tous nos voeus des circonstances favorables. Je voux baise les mains de tout mon coeur

Votre soumise et respectueuse fille

Nastasie Boratinsky.

Veuillez bien vous charger ma chère Maman de mille choses pour ma chere Sophie et ma tante que je félicite de sa fête.

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Автографъ (№ 25) — на сложенномъ вдвое квадратномъ полулистѣ матовой желтоватой, довольно тонкой, но плотной бумаги. Подпись Е. А. Боратынскаго отсутствуетъ. Письмо кончается въ самомъ низу третьей страницы. Четвёртая занята припиской.

Козловка — Тамбовской губерніи, недалеко отъ Мары — имѣніе Стрекаловыхъ.

Ираклій — Ир. Абр. Боратынскій. См. примѣч. къ письму XXVIII.

Annette — Анна Давыдовна Боратынская. См. тамъ же.

Le beau promis — и т. д. Женихомъ третьей дочери императора Николая I, великой княжны Александры Николаевны (род. 22 іюня 1825, † 29 іюля 1844) былъ принцъ Фридрихъ Гессенъ-Кассельскій. Бракосочетаніе ихъ состоялось 16 января слѣдующаго, 1843, года.

Старинный домъ Пашковыхъ на Моховой улицѣ, который дѣти издавна прозвали «волшебнымъ замкомъ», описываетъ кн. П. А. Вяземскій въ своей «Старой Записной Книжкѣ». (Полн. Собр. Соч., т. VIII, СПб. 1883, стр. 468). Ср. С. П. Жихаревъ, «Записки Современника» (М. 1890, стр. 175, 248). Теперь въ этомъ домѣ помѣщается Румянцовскій музей, переведённый изъ Петербурга въ Москву въ 1861 году.

Ma tante — Екатерина Ѳедоровна Черепанова. См. примѣч. къ письму IV.

Natalie — Наталья Абрамовна Боратынская. См. примѣч. къ письму IV.

Sophie — Софья Абрамовна Боратынская. См. примѣч. къ письму III.