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XXXVI.
[Артёмово, осень или начало зимы 1842].
Mille fois merci chere maman pour la bonté que vous avez de nous écrire et de nous donner vous même de vos nouvelles. Ираклій et Annette nous ont donné toutes sorte de bons détails sur vous. Ираклій nous est venu voir à Артемово et je l’ai revu à Moscou. Ma femme n’a pu m’accompagner, la pauvre a été bien malade tout ce tems ci. C’était dabord une espèce de fièvre qui disait on était dans l’air. J’ai été le premier à l’avoir et quoique je n’ai été malade que deux jours, j’ai tellement maigri que tous mes habits me sont devenus trop larges. Настинька l’а eu tenace et un rhumatisme aux dents est venu la compliquer. Maintenant, elle va mieux, mais les souffrances l’ont extrêmment [d] dérangée. Elle a conservé un état nerveux qui lui a fait prescrire le quinquina. Les enfans se portent bien, Dieu merci et vous baisent tendrement les mains. Nous vivons en bons amis avec nos étrangers et grace à une liste d’étude très habilement faite par Настинька, nous ne les voyons à peu près qu’aux repas, encore que je me donne quelquefois la liberté de souper tête à tête avec ma femme. Comme industriel je prépare des matériaux pour mon moulin j’ai fait abbattre quatre arpents de bois. Celà m’a donné assez de peine car les paysans d’ici, n’aiment pas à travailler. J’espère exploiter un total de 16 arpents jusqu’au mois d’avril. Je verrai alors au juste la valeur du bois que nous possédons. Jusqu’à présent l’arpent ne dépasse pas la valeur de 1000/r.; mais on ne m’en offrait que 300, et nous exploitons la partie du bois la plus ingrate parce qu’elle se trouve à proximité de l’endroit ou j’ai du placer le moulin. Voilà, ma chère maman, toutes nos nouvelles intimes et politiques Dieu vous conserve en bonne santé ainsi que tout notre petit monde de Mara. Je vous baise les mains de tout mon coeur.
E. Boratinsky.
Je vous remercie mille fois ma bonne et chere Maman pour la bonté que vous avez eu de nous écrire et pour tout ce que votre lettre renferme de sollicitude pour ma santé qui a été bien mauvaise tout ce tems, mais il en résulte que je consens à me considérer comme une personne à petite santé et à me soigner en conséquence en évitant les bravades que je continais toujours avec l’idée que j’étais revenue à mon état naturel dès que l’indisposition étoit
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passée. De cette manière il est à espérer que je guérirai tout à fait, d’autant plus que les remèdes que j’emploie me font du bien et qu’il s’agit de les continuer. Je vous baise les mains de tout mon coeur ma chere Maman et me recommande à vos bontés qui me pénétrent de reconnoissance.
Votre soumise et respectueuse fille
Nastasie Boratinsky.
Автографъ, № 24. — На сложенномъ вдвое квадратномъ полулистѣ желтоватой матовой бумаги съ овальнымъ неясно оттиснутымъ знакомъ; на бумагѣ желтыя пятна.
Ираклій et Annette — см. примѣч. къ письму XXVIII.