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XII.

[Подвойское. 1817—1818].

Mon oncle part demain pour Moscou. — On voulait m’emmener aussi mais cela ne se fait pas. D’ailleurs il n’y a aucune nécessité que j’y paraisse comme pour m’afficher devant tout le monde. Ce fut une réflexion de

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ma tante Катерина A. qui est la tête pensante de la maison. La fête a été célébrée fort splendidement, les enfants ont dansé un petit ballet et le lendemain joué la comédie de M-me Grosfeld, dont je vous ai parlé. Tout le monde a été fort gai, et les pieds me font encore mal de la danse; c’est un admirable talent que le savoir de remuer les pieds en cadence. Il est vraiment plus nécessaire en société que tout le fatras géométrique, historique, géographique, philosophique. On trouve rarement avec qui parler de ces matières, il у a des danseurs partout. — C’est plutôt un magasin pour la solitude, mais dans le monde — oh, dans le monde il faut danser, ma chère maman, et encore fautil tâcher de le faire tandis qu’on a les jarrets forts. L’amiral est fort impatienté de ses hôtes, il ne le dit pas, mais je l’ai remarqué. — Il aime de tout son coeur le bon guerrier, mais pour Madame il me semble qu’il n’a pas une pleine estime; pour elle c’est assez naturel. — Elle a un ton de maîtresse dans la maison qui lui déplaît fort. De chaque bal que donne l’amiral elle fait toujours une classe de danse. Elle ne l’écoute point quand il parle, lorsque par hasard elle lui laisse prononcer un mot. — En voilà assez pour indisposer mon oncle, fut-elle après tout la femme la plus parfaite. Quand à moi, elle me semble une franche coquette; elle aime beaucoup qu’on s’occupe d’elle, mais par malheur personne n’a l’envie. Le régiment qui était en garnison ici a changé de quartier; nos demoiselles pleurent ce triste veuvage. Maintenant que le goût dominant est pour les armes, les amours quittent Cythère et suivent partout Mars en petits uniformes et tambour battant. Ce n’est pas étonnant, la nature est bruyante et les joujoux guerriers leur ont tourné la tête. Voilà du galimatia, mais c’est presque vrai. Adieu, ma chère maman, mille amitiés à mes soeurs, mon frère, ma tante, Авдотья Н., Александра Н. et Надежда Н., à mon cher Boriès. Vous faites bien de caresser Grigri, c’est un bon enfant et je [la] l’aime aussi de tout mon coeur.

По копіи изъ первой тетради, № 17. Свѣрено съ подлинникомъ. См. примѣч. къ письму III.

Ma tante Катерина А. — см. примѣч. къ письму X;

M-me Grosfeld — ср. предыдущее письмо.

L’amiral — Богданъ Андреевичъ Боратынскій, дядя поэта. См. ниже письмо послѣдняго къ нему.

Mes soeurs — см. примѣч. къ письму IV.

Mon frère — вѣроятно, младшій изъ двухъ, Сергѣй Абрамовичъ; см. примѣч. къ письму VII и ниже.

Ma tante — Екатерина Ѳедоровна Черепанова. См. примѣч. къ письму IV.

Авдотья, Александра и Надежда Николаевны — Зайцовы, см. примѣч. къ письму X.

Boriés — см. примѣч. къ письму II.

Судя по содержанію, письмо написано вскорѣ послѣ предыдущаго. На верху первой страницы подлинника карандашемъ выставлена дата: 1816.