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XI.

[Подвойское. 1817—18].

Nous avons eu beaucoup de plaisir aujourd’hui, ma chère maman. Madame Grosfeld, cette gouvernante que ma tante attendait depuis si longtemps, vient d’arriver. Quelle digne femme! et quelle digne homme encore que ce М. Timroth. Représentez vous qu’en étant ici chez son frère il a pris tellement en amitié mes petites cousines et ma tante, qu’il s’est privé lui même d’une institutrice pour savoir auprès d’eux une femme digne d’élever ces petits anges, c’est ainsi qu’il les [appe] appelle. Sa petite Catinka a bien pleuré en se séparant de sa chère gouvernante, et rien ne peut faire plus l’éloge de cette dernière que l’attachement qu’elle a su inspirer à cette aimable enfant. Ma bonne tante est bien joyeuse et je suis aussi heureux en la voyant un peu plus guaie qu’elle ne l’est de coutume. Puisse cette bonne M-me Grosfeld remplir, comme j’ai lieu d’espérer, tout ce que ma tante pourrait en attendre. Sans la connaître je suis bien disposé à l’aimer. Si c’est à nos parents que nous devons notre naissance, ceux qui ont élevé et instruit notre jeunesse ont encore plus de droit à notre gratitude. Chaque fois que je fais cette réfléxion, ma chère maman, je me trouve heureux de vous devoir l’un et l’autre et de trouver partout de nouvelles raisons de vous aimer.

C’est aujourd’hui le jour de Ste. Barbe, la fête de ma petite soeur. Dites-lui, je vous prie, que je lui souhaite de tout mon coeur tout ce que vous pourriez lui souhaiter. Vous trouvez le terme un peu fort? Mais ce

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n’est pas vous qui avez raison pour cette fois-ci, ma chère maman, peut-être, hélas, parce que souhaiter ne veut pas dire aimer, — cependant j’aime ma petite soeur de tout mon coeur. Avez vous passé cette journée aussi gaiment que nous? — Je le désire. D’abord, le matin est arrivée M-me Grosfeld, et puis nous avons été diner chez ma cousine Varinka, sans qu’il у eût de quoi s’amuser je ne sais pourquoi tout le monde était content. Madame Ste. Barbe aurait dû célébrer sa fête au moins quatre fois par an, et nous donner chaque fois autant de plaisir qu’aujour-d’hui. — Nous aurions alors quatre jours de bonheur par an, cela fait un beau compte! Ouf! ma chère maman, s’il ne fallait compter dans la vie que les instants de bonheur, qui de nous aurait vécu un quart d’heure?

Mes deux tantes vous font toute sorte d’amitiés ainsi qu’aux demoiselles Авдотья et Александра Николаевна, et pour moi je voudrais vous embrasser, vous caresser, vous parler, vous regarder. Pardon, ma chère maman, je voudrais aussi aller me coucher, car il fait déjà bien tard. Hélas! cette imagination ne peut pas surmonter les besoins physiques. Adieu, chère maman, je tâcherai de vous voir en songe.

Eugène.

По копіи изъ первой тетради, № 21. Свѣрено съ подлинникомъ. См. примѣч. къ письму III. Въ подлинникѣ за этимъ письмомъ слѣдуетъ приписка, обращенная къ Екатеринѣ Андреевнѣ Боратынской, тёткѣ поэта.

Ma petite soeur — Варвара Абрамовна (см. примѣч. къ письму IV и ниже).

Ma cousine Varinka — Кучина, дальняя родственница Боратынскихъ, жившая въ Смоленской губерніи, недалеко отъ Подвойскаго и Голощапова1). По помѣткамъ С. А. Рачинскаго на экземплярѣ перваго изданія стихотвореній Е. А. Боратынскаго къ ней относятся или ей посвящены четыре стихотворенія: 1820-го г. — Разлука («Разстались мы».... — стр. 31; Полн. собр. соч., I, 73), Ропотъ («Онъ близокъ, близокъ день свиданья».... — стр. 35; I, 19); 1821 г. — Разувѣреніе («Не искушай меня безъ нужды».... стр. 40; I, 38); 1825 г. — Оправданіе («Рѣшительно печальныхъ строкъ моихъ»....— стр. 57—58; I, 56).

Mes deux tantes см. примѣчаніе къ письму X: Mes tantes.

Авдотья и Александра Николаевны — Зайцовы. См. примѣчаніе къ письму X.

Письмо это, такъ же какъ и слѣдующее за нимъ, по общему его тону (какъ и по почерку) можетъ быть отнесено скорѣе къ юношеской, чѣмъ къ дѣтской порѣ Е. А. Боратынскаго.

Датируемъ его предположительно, въ связи со слѣдующимъ письмомъ.

Сноски

Сноски к стр. 34

1) Сообщеніе А. С. Боратынской.